Le dynamic TAO (dTAO) : une mise à jour majeure pour Bittensor (TAO) ?
27 mars 2025

Bittensor (TAO) a déployé la mise à jour dynamic TAO (dTAO), une évolution majeure qui vise à rendre le réseau plus efficace et équitable pour les utilisateurs. En quoi cela consiste et quels sont les impacts pour Bittensor ? Voici notre analyse.
Pour approfondir, nous vous invitons à consulter la vidéo complète de notre contributeur, Victor, sur YouTube.
Contexte et rappel de Bittensor
Qu’est-ce que Bittensor ?
Bittensor est un protocole décentralisé conçu pour réinventer l’accès aux ressources d’intelligence artificielle. Contrairement aux blockchains classiques, il ne se contente pas de sécuriser des transactions ou d’exécuter des smart contracts : il aligne les intérêts économiques d’un ensemble d’acteurs pour favoriser la création, l’entraînement et la mise en réseau de modèles d’IA.
L’architecture repose sur un réseau principal, le Subtensor, qui fonctionne comme la couche de coordination, et sur une multitude de Subnets spécialisés, chacun dédié à une tâche précise. Ces sous-réseaux sont indépendants, mais interconnectés, et composés de trois types d’acteurs :
- Les Subnet Owners, qui définissent les règles du réseau, le type de tâche à réaliser et la méthode de validation.
- Les Mineurs, qui apportent de la puissance de calcul ou des modèles d’IA.
- Les Validateurs, qui distribuent les tâches et notent les résultats, influençant la distribution des récompenses.
Le mécanisme de récompense repose sur le Yuma consensus, un système qui agrège les pondérations des validateurs pour déterminer la part de tokens TAO distribuée à chaque acteur. Plus un mineur est bien noté, plus il est rémunéré ; plus un validateur est proche du consensus global, plus il est récompensé lui aussi.
→ Retrouvez notre présentation complète de Bittensor (TAO) :
Problématiques de gouvernance
Jusqu’en février 2025, la gouvernance économique du protocole était entièrement centralisée au sein du Root Network (Subnet 0). Toutes les 12 secondes, un nouveau bloc émettait 1 TAO, que le réseau devait répartir entre les différents Subnets.
La répartition des émissions était alors décidée exclusivement par les 64 validateurs du Root Subnet, selon les performances supposées des Subnets. Ces validateurs avaient un pouvoir de vote pondéré par la quantité de TAO déléguée par les stakers.
En théorie, ce système visait à faire émerger les meilleurs Subnets, en récompensant ceux qui apportaient le plus de valeur. Mais en pratique, avec la croissance rapide de Bittensor (plus de 60 Subnets actifs en ce début d’année 2025), ce modèle centralisé a montré plusieurs limites :
- Concentration du pouvoir : les 5 plus gros validateurs détenaient plus de 50 % du pouvoir de vote, créant un oligopole décisionnel.
- Biais et favoritisme : certains validateurs favorisaient leurs Subnets ou ceux de leurs proches, au détriment de projets plus pertinents mais moins connectés.
- Manque de scalabilité : il devenait impossible pour les validateurs de suivre et évaluer objectivement des dizaines de Subnets aux logiques très différentes.
- Collusion potentielle : dans plusieurs cas, des deals de partage de revenus entre Subnet Owners et validateurs ont été soupçonnés, créant un alignement d’intérêts biaisé.
Cette centralisation ne concernait pas seulement la gouvernance. À ce jour, le Subtensor fonctionne encore en Proof of Authority, avec l’ensemble des nœuds validants contrôlés par la fondation Opentensor. Si ce choix a facilité le lancement du protocole, il soulève aujourd’hui des interrogations légitimes sur la décentralisation réelle du réseau. Face à cette accumulation de frictions, une réforme de la gouvernance devenait inévitable.

Présentation du Dynamic TAO
Un changement de paradigme
Déployée sur le mainnet de Bittensor le 13 février 2025, la mise à jour “Dynamic TAO” (ou dTAO) marque une rupture complète avec le modèle de gouvernance précédent. Son objectif est simple : remplacer la centralisation du pouvoir de décision par un mécanisme de gouvernance.
Concrètement, le rôle des 64 validateurs du Subnet 0 est supprimé dans la répartition des émissions et donc des récompenses. À la place, chaque utilisateur du réseau peut désormais “voter” pour ses subnets préférés, en allouant ses tokens TAO directement dans leur pool de liquidité.
Ce système transforme profondément la logique de Bittensor, en introduisant des primitives ressemblant à ce qui se fait déjà dans la DeFi (notamment avec Curve Finance en 2021, ayant mené à la Curve War) au cœur de son moteur économique.
Les Alpha Tokens
La question qui se pose maintenant est la suivante : comment fait-on pour utiliser ses tokens TAO et voter pour ses subnets préférés ? La réponse est apportée par une nouveauté centrale introduite par la mise à jour dTAO, à savoir la création d’un token propre à chaque subnet, appelé Alpha Token.
Ces tokens sont un peu particulier car ils ne sont pas échangeables sur un marché secondaire ou un exchange classique, mais existent uniquement dans une pool de liquidité spécifique et propre au subnet. Ils sont ainsi échangeables contre des TAO via un AMM (Automated Market Maker) basé sur le modèle de “constant product” (x * y = k), identique à celui de Uniswap.
De cette manière, chaque pool de liquidité de chaque subnet sera composée de deux tokens : TAO et le Alpha Token du subnet. Le prix d’un Alpha Token dépend donc directement du rapport entre la quantité de TAO et d’Alpha Token présents dans sa pool. Plus des utilisateurs souhaitent s’exposer à un subnet en y stakant leurs TAO, plus le prix de son Alpha augmente — et inversement.
Pour s’exposer au succès d’un Subnet en particulier, il faut donc acheter du TAO, se rendre sur l’AMM du Subnet et staker du TAO dans la pool de liquidité afin de recevoir un montant d’Alpha Token en retour. Il suffira de faire le chemin inverse pour récupérer ses tokens TAO.
Ce mécanisme transforme ainsi chaque allocation de TAO en une sorte de signal de marché. Le prix d’un Alpha Token devient le reflet direct de la demande : plus un subnet inspire confiance ou enthousiasme, plus sa valorisation augmente, et plus il reçoit de récompenses d’émission.
La gouvernance par le marché
En remplaçant le vote des validateurs par un mécanisme de staking libre et liquide, Bittensor fait le pari de l’intelligence collective. Les allocations d’émission ne sont plus définies par une poignée d’acteurs, mais par l’agrégation des choix de tous les participants du réseau : validateurs, mineurs, holders de TAO, investisseurs externes.
Cela créé un environnement dans lequel le réseau Bittensor va récompenser davantage les Subnets qui sont perçus par le marché comme étant les plus rentables, les plus intéressants, les plus performants ou les plus innovants. Cela va évidemment encourager le développement de subnets qui produisent le plus de valeur.
Néanmoins, et nous y reviendrons plus tard, cela peut également causer des risques de manipulations, où des Subnets peuvent inciter financièrement d’autres acteurs à staker leurs TAO dans leur pool, pour obtenir une part plus importante des émissions.
Impact du dTAO sur le staking et les récompenses
Un staking dynamique et spéculatif
Avec l’introduction de dTAO, chaque utilisateur du réseau peut désormais s’exposer aux subnets de son choix en y stakant des tokens TAO. En retour, il reçoit un montant d’Alpha Tokens, propres à chaque subnet.
Ce mécanisme transforme le staking en prise de position spéculative. En effet, si la demande pour un Subnet augmente, le prix de son Alpha Token progresse. À l’inverse, si le subnet s’effondre ou perd en popularité, son Alpha Token sera dilué par les émissions continues, et sa valeur chutera mécaniquement.
En d’autres termes : pour les utilisateurs, chaque staking de TAO dans un subnet est désormais un pari économique sur la valeur future de ce subnet. Et cette valeur est déterminée collectivement, en temps réel, par le marché.
Répartition automatisée des émissions
Dans les sections précédentes, nous avons évoqué le sujet de l’émission de tokens à destination des subnets. Pour faire simple, à chaque bloc, le réseau Bittensor émet :
- 1 token TAO (supply globale, partagée entre tous les subnets),
- 2 Alpha Tokens par Subnet.
Les émissions sont d’abord injectées sous forme de liquidité (TAO + Alpha) dans chaque pool, de manière proportionnelle au prix de l’Alpha Token. Plus un Alpha Token est cher (donc demandé), plus son subnet reçoit de récompenses. Cette phase dure 360 blocs (environ 12 heures), au terme desquels la liquidité accumulée est redistribuée aux trois types d’acteurs :
- 41 % aux mineurs, via le Yuma consensus
- 41 % aux validateurs, répartis selon leur poids en tokens (TAO + Alpha)
- 18 % aux subnet owners
Ce mécanisme incite chaque type d’acteur à optimiser ses allocations :
- Les mineurs sont motivés à contribuer aux subnets les plus rentables
- Les validateurs doivent choisir entre staker du TAO (moins risqué, mais moins efficace) ou s’exposer aux subnets via les Alpha Tokens
- Les Subnet Owners sont directement rémunérés si leur projet attire la demande
Le rôle du Root Subnet (Subnet 0)
Bien que son rôle décisionnel ait disparu, le subnet 0 (Root Network) existe toujours. Il ne possède pas d’Alpha Token, ni de logique de validation active, mais il reste une option de staking sécurisée. Les holders de TAO peuvent y déléguer leurs tokens pour obtenir un rendement sans risque de perte en capital, puisque le prix du TAO ne peut pas être dilué dans ce cadre.
Cependant, le rendement du Root Subnet est mécaniquement voué à décroître. D’une part, car les subnets Alpha reçoivent deux fois plus de tokens à chaque bloc. D’autre part, car la pondération des TAO stakés sur le subnet 0 a été réduite à 18 % de leur valeur nominale. Un validateur possédant 100 TAO sur le Root Subnet et 100 Alpha Tokens verra donc son poids effectif pencher très nettement en faveur du staking sur les subnets.
Ce changement vise à accélérer la migration de la liquidité vers les subnets, tout en offrant un mécanisme transitoire pour les acteurs les plus conservateurs.
Impact sur l’économie de Bittensor
Une nouvelle répartition des incitations
La mise à jour dTAO transforme en profondeur la manière dont les émissions de TAO sont allouées au sein du réseau. Là où les validateurs centralisaient auparavant les décisions, c’est désormais le marché — à travers le prix des Alpha Tokens — qui détermine quelles entités méritent d’être récompensées.
Ce mécanisme crée une boucle vertueuse : plus un subnet attire de TAO en staking, plus son Alpha Token s’apprécie, plus il reçoit d’émissions, et plus il devient attractif. Ce changement aligne les incitations entre toutes les parties prenantes :
- Les subnet owners sont encouragés à faire croître la demande pour leur token via des produits ou des modèles d’IA performants.
- Les validateurs ont intérêt à staker dans les subnets les plus rentables pour maximiser leur part d’émissions.
- Les mineurs se tournent naturellement vers les subnets les mieux rémunérés pour valoriser leur puissance de calcul.
À terme, seuls les subnets capables de générer une réelle utilité — et donc une demande soutenue pour leur token — survivront économiquement.
La montée en puissance des Alpha Tokens
Comme nous l’avons expliqué, avec le lancement de dTAO, 2 tokens Alpha sont émis par bloc pour chaque Subnet, contre 1 seul TAO. Cette asymétrie produit un effet mécanique de montée en puissance des Alpha Tokens dans l’économie globale de Bittensor.
Progressivement, le poids relatif du TAO diminue dans le calcul des récompenses : les TAO stakés sur le Root Subnet ne comptent plus qu’à 18 % de leur valeur dans le calcul du “poids” des validateurs, tandis que les Alpha Tokens compte bien 100 %. Ce glissement va provoquer un basculement où la majorité des récompenses du réseau seront distribuées via les subnets.
Cela crée un effet de dilution programmé : plus le temps passe, plus les détenteurs de TAO sont incités à migrer vers les Alpha Tokens s’ils veulent capter une part significative des émissions.
Un système conçu pour s’autoréguler
En théorie, ce mécanisme devrait permettre d’atteindre une forme d’équilibre économique :
- Les subnets jugés peu utiles ou mal conçus verront leur Alpha Token chuter, faute de demande. Leur part d’émission diminuera, ce qui découragera mineurs et validateurs de les rejoindre.
- Les subnets les plus performants verront leur Alpha Token s’apprécier, ce qui leur donnera un accès privilégié aux récompenses, renforçant leur attractivité.
Ce modèle s’appuie sur la conviction que le marché, s’il est suffisamment liquide et ouvert, est plus efficace qu’un vote délégué pour valoriser l’innovation. Il transpose les logiques de la DeFi (Uniswap, Curve) à un protocole d’intelligence artificielle, en s’inspirant notamment des effets de “vote with your dollars”.
Mais cette nouvelle économie n’est pas sans risques : dans les sections suivantes, nous verrons comment cette approche peut produire des dérives si elle n’est pas équilibrée par des garde-fous structurels.
Avantages et limites du dTAO
Les bénéfices du dTAO
Le lancement de Dynamic TAO répond à l’une des critiques majeures formulées à l’encontre de Bittensor : la centralisation des décisions d’allocation. En remplaçant le pouvoir des validateurs par un mécanisme de marché, le protocole amorce un virage clair vers une gouvernance plus décentralisée et plus méritocratique.
Ce changement présente plusieurs atouts :
- Un système incitatif plus neutre : chacun peut désormais orienter les flux d’émissions en fonction de sa propre conviction, en stakant ses TAO sur les subnets qu’il juge les plus pertinents.
- Un modèle économique plus transparent : le prix des Alpha Tokens devient une métrique publique, en temps réel, pour évaluer l’attractivité d’un subnet.
- Un filtre naturel contre les subnets non performants : en l’absence de demande, un subnet ne reçoit plus de récompenses. Les initiatives peu solides sont ainsi naturellement écartées.
- Un accès élargi pour les builders : l’enregistrement de subnets est devenu permissionless, et le coût d’entrée a fortement diminué, ce qui ouvre la porte à une nouvelle génération d’équipes techniques et innovantes.
- Une responsabilisation des investisseurs : les holders de TAO sont incités à s’intéresser activement aux projets développés sur le réseau, renforçant ainsi l’effet de communauté.
Bittensor se rapproche ainsi d’un marché ouvert, où la valeur se construit collectivement, sans passer par un comité restreint de validateurs.
Les limites du dTAO
Malgré les ambitions affichées par le Dynamic TAO, ce nouveau modèle introduit également une série de problématiques qui, si elles ne sont pas maîtrisées, pourraient limiter l’efficacité voire avoir un effet complètement inverse sur Bittensor.
1. La volatilité des Alphas Tokens
Le staking sur les subnets repose sur des pools AMM de type “constant product”. Or, la faible profondeur de certaines pools, couplée à l’émission continue de tokens Alpha à chaque bloc, crée une pression vendeuse systémique. Les mineurs, validateurs et même le staking du subnet 0 doivent revendre régulièrement ces tokens pour récupérer du TAO, ce qui dilue leur prix.
En l’absence de demande soutenue, le prix d’un token Alpha pourrait tendre mécaniquement vers zéro, même sans vente directe — un effet encore renforcé par le faible volume de trading et les conditions de marché.
2. Une explosion du nombre de subnets difficile à gérer
Le caractère permissionless de l’enregistrement entraîne une prolifération rapide des subnets. Chaque nouveau projet réclame attention, liquidité et ressources techniques. Mais la capacité humaine à analyser la pertinence de chaque initiative ne suit pas cette croissance exponentielle.
Résultat : les investisseurs particuliers se concentrent sur les “Top 10” visibles, ceux promus par des influenceurs ou des équipes marketing agressives, au détriment de projets moins exposés mais potentiellement plus utiles. Ce biais de visibilité peut freiner l’allocation optimale des ressources.
3. Des incentives encore flous pour les validateurs
Le rôle des validateurs est devenu plus incertain. Alors qu’ils étaient au cœur de la gouvernance avant dTAO, ils doivent désormais choisir entre accumuler du TAO ou des tokens Alpha. Le retour sur investissement est moins prévisible, et leur implication dans la construction de valeur réelle devient moins claire.
Ce flou stratégique pourrait, à terme, décourager des validateurs historiques, ou créer une asymétrie de participation entre subnets.
4. Des risques de collusion
Le retrait des validateurs ne signifie pas la fin des jeux politiques. Au contraire, des accords implicites peuvent émerger entre subnet owners, validateurs et mineurs pour orienter artificiellement la demande vers certains tokens. La gouvernance reste manipulable, simplement via d’autres leviers que le vote direct.
5. Une expérience utilisateur plus complexe
Le staking devient plus technique, plus risqué, et donc moins accessible pour un public non initié. Comprendre la valeur réelle d’un Alpha Token, évaluer la liquidité d’une pool, anticiper les effets de slippage : autant de barrières à l’entrée pour un utilisateur retail.
À terme, cela pourrait freiner l’adoption large du protocole, et renforcer la domination de quelques “initiés” sur l’écosystème.
6. Une pression sur l’image du protocole
Enfin, un risque moins technique mais tout aussi stratégique : la perception extérieure. Si la majorité des tokens Alpha affichent des performances négatives pendant plusieurs mois — ce qui est probable en phase de démarrage — cela pourrait entamer la crédibilité de Bittensor auprès d’un public plus large, qui pourrait conclure à tort que “le modèle ne fonctionne pas”.
Lancement et futur du dTAO
La mise à jour Dynamic TAO a été déployée sur le mainnet de Bittensor le 13 février 2025, après plus d’un an de recherche, de développement et de tests intensifs. Bien que le déploiement ait été techniquement fluide, il a fallu plusieurs jours pour que les différents acteurs — validateurs, mineurs, investisseurs — s’adaptent réellement aux nouvelles règles introduites par dTAO.
Le bloc zéro
Au lancement, chaque subnet a démarré avec une pool initiale équilibrée contenant 1 TAO pour 1 Alpha Token. Cette parité nominale, bien qu’artificielle, a généré une illusion temporaire de valorisation : pendant 12 secondes (le temps d’un bloc), la market cap théorique de l’ensemble des Alpha Tokens équivalait à 64 fois la fully diluted valuation (FDV) du TAO — soit entre 400 et 500 milliards de dollars, en fonction du prix du TAO à ce moment-là.
Mais dès le bloc suivant, les prix des Alpha Tokens ont évidemment chuté pour refléter la réalité de la demande et du marché. C’est la raison pour laquelle les courbes de prix des subnets commencent toutes par une forte bougie rouge : un réajustement immédiat du marché face à une évaluation initiale irréaliste.
Premier mois
Le lancement de dTAO s’apparente à un fair launch massif. Chaque Alpha Token a débuté avec une supply initiale de 1, et les émissions de 2 tokens Alpha par bloc et par subnet ont commencé à partir de ce moment. Ce mécanisme a engendré un écart important entre market cap et FDV, qui persistera pendant plusieurs semaines, le temps que les émissions atteignent un seuil critique.
Pendant le premier mois, les TAO stakés sont restés majoritairement concentrés sur le Root Subnet, mais on observe déjà un déplacement progressif vers les subnets Alpha. Les holders commencent à prendre position, et certaines pools affichent des dynamiques de prix et de volume plus soutenues que d’autres — en fonction de la demande, de la liquidité et de la visibilité de chaque projet.
Mois 2 à 4
Dans les semaines suivantes, la supply des tokens Alpha va croître rapidement, poussée par le rythme constant des émissions. Bittensor a d’ailleurs renforcé ce mécanisme en réduisant la pondération des TAO stakés sur le subnet 0 à seulement 18 %, contre 100 % pour les Alpha Tokens. Cela incite fortement les validateurs à migrer vers le staking en subnets.
Ce changement devrait produire un renversement progressif des flux : d’ici 2 à 4 mois, la majorité des récompenses du réseau sera probablement captée par les validateurs et stakers des subnets, et non plus par ceux du Root Network.
En parallèle, cette émission continue pourrait exercer une pression baissière sur les prix des Alpha Tokens, en particulier pour les subnets ne parvenant pas à susciter une demande suffisante pour compenser l’offre croissante.
Horizon 6-12 mois : maturité du modèle
À horizon 6 à 12 mois, on peut s’attendre à ce que le staking sur le subnet 0 n’offre plus qu’un rendement marginal, réservé aux profils les plus prudents. À l’inverse, les subnets actifs et performants devraient capter la quasi-totalité des émissions de TAO et d’Alpha, devenant le véritable centre de gravité économique du protocole.
Le succès du modèle dépendra alors de plusieurs facteurs clés : la capacité des subnets à générer de la valeur réelle, la résilience des tokens Alpha face à la dilution, et l’émergence d’une infrastructure de marché secondaire pour fluidifier les échanges et l’évaluation des subnets.
Pour approfondir, nous vous invitons à consulter la vidéo complète de notre contributeur, Victor, sur YouTube.
Conclusion
Avec Dynamic TAO, Bittensor opère un basculement fondamental : celui d’un protocole piloté par un comité fermé de validateurs vers une gouvernance ouverte, fluide et entièrement orientée marché. En confiant au prix des Alpha Tokens le soin de déterminer l’allocation des ressources, le protocole fait le pari d’un système plus décentralisé, plus agile, mais aussi plus spéculatif.
Ce changement d’architecture bouleverse tous les équilibres internes du réseau. Il redistribue les cartes entre validateurs, mineurs et builders. Il donne aux holders de TAO un rôle actif dans la valorisation des subnets. Et il force chaque projet à prouver sa valeur, non plus par ses relations, mais par sa capacité à susciter de la demande.
Mais cette refonte radicale vient aussi avec ses défis. Volatilité, dilution, asymétrie d’information, effet de réseau, manipulation voire guerre sur les émissions… Le protocole devra s’ajuster en continu pour éviter que l’ouverture du marché ne tourne à la course au rendement ou à l’opportunisme court terme.
Bittensor a choisi d’évoluer non pas par l’ajout d’une surcouche de gouvernance, mais par la réinvention de son moteur économique. Un pari ambitieux, risqué, mais potentiellement fondateur pour la création d’une véritable infrastructure décentralisée au service de l’intelligence artificielle.
Reste à voir si le marché, cette fois, saura mieux juger que les validateurs.