Pump Fun : Lancement du PUMP, ultime braquage ou nouveau départ?
14 juillet 2025

Qu’on l’apprécie ou qu’on le déteste, Pump Fun a concentré tout l’intérêt du marché ces derniers jours avec une ICO à 1,3 milliards de dollars. Est-ce le début de la fin pour le géant des memecoins, ou le commencement d’une nouvelle aventure encore plus grande ? Voici notre analyse.
Contexte à propos de Pump Fun
Lancé au début de l’année 2024, Pump Fun est devenu un incontournable de l’écosystème Solana. Ce launchpad permissionless a facilité la création de milliers de tokens, contribuant au succès phénoménal de la narrative des memecoins et constituant l’un des principaux canaux d’acquisition de retails dans les cryptos.
Le succès de Pump Fun s’explique notamment par la simplicité de son modèle de fonctionnement : une interface ultra accessible, un parcours de création de tokens en quelques clics et un système de bonding curve qui ne nécessite aucun ajout de liquidité pour les créateurs de memecoins.
Ainsi, la création de tokens sur Pump Fun se fait en quelques secondes et ne coûte pratiquement rien. Durant les premières dizaines de milliers de dollars de capitalisation, les achats et les ventes sont basés sur un exchange virtuel. Lorsque le token dépasse une certaine capitalisation, Pump Fun le déploie officiellement sur un DEX et fournit la liquidité nécessaire.
Finalement, Pump Fun est plus qu’un launchpad de tokens : c’est un market maker, un exchange décentralisé, et surtout, le symbole de la narrative des memecoins.
L’ICO de Pump Fun intervient dans un contexte où le projet chercher à diversifier ses activités :
- Lancement de la v2.0 avec amélioration de l’interface mobile ;
- Rachat de Kolscan, un outil pour suivre les portefeuilles des influenceurs et copier leurs trades :
- Lancement de plusieurs fonctionnalités comme les livestream ou le chat.
Pump Fun a annoncé son ambition de devenir un réseau social intégrant nativement les tokens à sa plateforme et de concurrencer directement les géants du secteur.
Les principales métriques d’activités
En moins de deux années d’existence, Pump Fun a généré près de 800 millions de dollars de revenus. Les deux principales sources de revenus sont les frais appliqués sur la bonding curve (1% sur chaque swap), et depuis peu via les frais appliqués sur PumpSwap (0.3% par swap), le DEX natif de Pump Fun.

La memecoin mania a été l’une des narratives majeures de 2024, avant de connaître un pic historique d’euphorie en janvier dernier, lors du lancement du token de Donald Trump. Depuis, l’activité a fortement décliné, tout comme l’intérêt des investisseurs.
Malgré cela, les métriques de performance de Pump Fun n’ont pas énormément chuté :
- Les revenus générés sont toujours de l’ordre de 50 millions de dollars mensuel, ce qui fait de Pump Fun l’un des protocoles les plus rentables de l’industrie.
- Le nombre d’adresses actives par jour est d’environ 330 000, soit une baisse de seulement 17 % par rapport au sommet historique de janvier.

Plusieurs éléments permettent de justifier ce maintien de l’activité sur Pump Fun. En premier lieu, le lancement de PumpSwap en mai 2025, un DEX concurrent de Raydium sur lequel les memecoins sont automatiquement déployés après le passage de leur bonding curve.
PumpSwap est un coup de génie pour PumpFun, car il lui permet de maîtriser complètement la chaîne de vie d’un memecoin : depuis sa création jusqu’à son trading au quotidien par les investisseurs. En moins de 2 mois, PumpSwap a généré environ 15 milliards de dollars de volume, avec des frais fixés à 0.05 % pour PumpFun.
En second lieu, les rumeurs d’un airdrop de tokens PUMP aux utilisateurs de Pump Fun et de PumpSwap. Il est difficile de savoir si ce n’est qu’un mirage qui cache un futur désert d’activité, mais une chose est certaine : Pump Fun est parvenu à maintenir un engagement massif des utilisateurs.
Pump Fun face à la concurrence
Le succès fulgurant de Pump Fun a naturellement suscité l’émergence de nouveaux concurrents sur le secteur des launchpads de memecoins sur Solana. Parmi les challengers notables, on retrouve Moonshot, Launchlab (développé par le DEX Raydium) et Let’s Bonk.
La concurrence s’est intensifiée au fil des dernières semaines : Launchlab et Let’s Bonk sont parvenus à générer des volumes de frais quotidiens comparables à ceux de Pump Fun (entre 900 000 et 1,3 million de dollars par jour).

Néanmoins, si chacun de ces projets a connu sa période d’engouement, aucun n’a encore réussi à détrôner durablement Pump Fun en termes de traction et d’adoption. La montée en puissance de la concurrence est relativement récente et si l’on observe les métriques, Pump Fun reste la référence incontestée du secteur, avec plus de 330 000 adresses actives quotidiennes sur la plateforme, loin devant ses rivaux immédiats.
Par ailleurs, Pump Fun bénéficie toujours du statut de pionnier, un first mover advantage qui lui a permis de fédérer une large base d’utilisateurs fidèles. Néanmoins, la seule interrogation qui demeure est la volonté réelle de l’équipe derrière Pump Fun.
Une équipe controversée
Certes, Pump Fun est aujourd’hui l’une des applications les plus rentables et utilisées de l’écosystème des cryptos. Néanmoins, la réputation de l’équipe du projet est quant à elle extrêmement controversée.
Depuis le lancement, Pump Fun est critiqué pour son modèle jugé trop “extractif” : près de 800 millions de dollars de revenus cumulés, aucune redistribution à la communauté ou à l’écosystème Solana, et une levée de 1.3 milliard de dollars dont la finalité reste floue.
Cela s’accompagne d’une vision ambivalente autour des memecoins eux-mêmes. Si certains sont convaincus que Pump Fun incarne la meilleure réponse au besoin d’amusement et de spéculation du retail, d’autres pointent du doigt le manque de “valeur réelle” apportée à l’industrie.
Pour autant, le succès de Pump Fun est indéniable et la réalité semble bien plus contrastée que ce débat ne le laisse supposer. Le projet a parfaitement capté et canalisé la demande spéculative d’une immense partie du marché, atteignant un product market fit rarement observé.
Le lancement du PUMP est donc un tournant stratégique pour Pump Fun. L’équipe a désormais l’opportunité de redistribuer une partie des revenus à l’écosystème : en récompensant ses utilisateurs historiques via un airdrop, mais surtout en alignant enfin ses intérêts avec ceux des holders via un mécanisme de revenue sharing.
Mais la question centrale est la suivante : l’équipe souhaite-elle réellement transformer cette dynamique en légitimité durable, ou s’agit-il de la dernière étape d’un projet d’extraction massive de l’écosystème ?
Analyse de l’ICO de PUMP
Les tokenomics du PUMP
Au lancement, le token PUMP ne disposera d’aucune utilité particulière. L’équipe prévoit toutefois d’y intégrer rapidement plusieurs fonctionnalités : réduction des frais, rachats de tokens financés par les revenus du protocole, et divers mécanismes d’incitation.
Ce manque de visibilité alimente une réelle incertitude. Si un programme de rachat de tokens devait effectivement voir le jour, cela pourrait générer une pression acheteuse de plusieurs centaines de millions de dollars sur le token.
La distribution du token a également suscité de nombreuses critiques de la part des investisseurs. Sur les 33 % alloués à l’ICO, seuls 12,5 % ont été véritablement vendus lors de la phase publique, le reste ayant été attribué à des investisseurs privés en amont.
La part des tokens réservée à la communauté représente environ un quart de la supply maximale. Selon certaines rumeurs, environ 10 % pourraient être consacrés à un airdrop qui, bien qu’il n’ait pas encore été officiellement annoncé, aurait selon Polymarket 89 % de chances d’avoir lieu avant le 31 août 2025.

Là où Pump Fun se distingue, c’est sur la question du calendrier de déblocage. Plus de la moitié des tokens PUMP seront immédiatement liquides dès le lancement, tandis que l’équipe fondatrice et les investisseurs initiaux feront face à une période de blocage (cliff) d’un an.
Déroulement de l’ICO
La phase publique de l’ICO s’est déroulée directement sur l’interface de Pump Fun, ainsi que via six CEX partenaires (Bybit, Bitget, Kraken, Gate, KuCoin et MEXC). Le prix d’introduction a été fixé à 0,004 dollar par token PUMP, soit une valorisation FDV de 4 milliards de dollars, avec des conditions équivalentes à celles des investisseurs institutionnels (déblocage des tokens au TGE).
Selon les chiffres communiqués par Pump Fun, les 125 milliards de tokens PUMP mis en vente (soit environ 500 millions de dollars) ont été écoulés en 12 minutes. Malgré l’ampleur du montant levé, cette vente éclair témoigne de la forte demande pour le token lors de l’ICO. Le résultat a d’ailleurs surpris nombre d’observateurs, notamment au vu de sondages montrant que la majorité des investisseurs ne comptaient pas participer.
Les données onchain confirment cette tendance : seuls 10 000 wallets environ ont pu accéder à la vente, la majorité des tokens ayant été captée par des whales.
Il convient également de préciser que de nombreux investisseurs n’ont pas pu participer à l’ICO. Plusieurs facteurs expliquent cela : la nécessité de passer un KYC, l’interdiction d’accès pour les citoyens britanniques et américains, ainsi que des problèmes techniques rencontrés sur certaines interfaces de CEX (API défaillantes, dépôts impossibles).
La demande autour de l’ICO s’est révélée si importante que la FDV virtuelle du token a brièvement atteint 6,5 milliards de dollars sur le premarket HyperLiquid. Cette dynamique ne s’est pas essoufflée depuis : à l’heure d’écriture, les contrats perpétuels s’échangent autour de 6,2 milliards de dollars de FDV, soit une prime de plus de 50 % par rapport au prix de l’ICO.
Perspectives et potentiel pour le token PUMP
Un listing attendu
Le lancement du token PUMP est annoncé 48 à 72h après l’ICO, soit aujourd’hui ou demain. L’attente autour du listing est particulièrement forte : sur les premarkets comme HyperLiquid, la valorisation fully diluted (FDV) du token se situe déjà au-dessus de 6 milliards de dollars, bien au-delà du prix d’ICO (4 milliards), traduisant une anticipation spéculative très nette. Selon Polymarket, il y a désormais plus de 50 % de chances que PUMP termine sa première journée de cotation avec une FDV supérieure à ce seuil.
Sur le court terme, plusieurs facteurs pourraient alimenter cette dynamique :
- L’offre de tokens effectivement disponible reste très concentrée, la majorité des investisseurs n’ayant pas pu participer à l’ICO ;
- Le projet continue de générer plus de 500 millions de dollars de revenus annuels, ce qui justifie, sur la base des multiples observés dans la DeFi, une valorisation élevée tant que la rentabilité se maintient ;
- L’effet d’annonce d’un potentiel airdrop à destination des utilisateurs historiques, qui pourrait renforcer l’engagement communautaire et soutenir la demande secondaire.
Néanmoins, la trajectoire à moyen et long terme du token demeure sujette à plusieurs incertitudes majeures, liées à l’image renvoyée par l’équipe, à leur réelle ambition avec le projet, à un potentiel revenue sharing, et à la capacité de Pump Fun à élargir son champ d’action au-delà de la simple narrative memecoin.
Quelques éléments de valorisation de PUMP
La valorisation du token PUMP est un exercice délicat, tant l’industrie des memecoins demeure atypique. Nos partenaires de GLC Research ont néanmoins construit un cadre d’analyse pertinent pour apprécier le potentiel (et les limites) de la valorisation au lancement.
Leur approche repose sur plusieurs constats chiffrés et hypothèses de marché :
- Revenus actuels : Pump Fun génère environ 500 millions de dollars par an, avec un historique solide même dans un contexte de marché plus calme.
- Cash disponible : le protocole dispose d’une trésorerie estimée à près de 1 milliard de dollars, un levier important pour l’innovation ou d’éventuelles acquisitions stratégiques.
- Distribution : jusqu’à 75 % de la supply du token pourrait servir à des incentives communautaires ou airdrops, ce qui limite mécaniquement le risque de vente massive à court terme.
- Ratio valorisation/revenus : à un FDV de 4 à 6 milliards de dollars, cela correspond à un P/E compris entre 8 et 12, ce qui reste raisonnable au regard de la rentabilité et des perspectives du secteur.
- Scénarios de croissance : la thèse GLC repose sur une croissance des revenus de l’AMM (PumpSwap), un maintien du moat concurrentiel grâce à la force de la marque, et la possibilité de verticaliser le modèle via l’acquisition de nouveaux outils (trading bots, analytics, etc.).
Dans la configuration actuelle, la valorisation de PUMP au lancement apparaît globalement justifiée, avec un risque de baisse limité hors scénario de “bear market” extrême. Le principal point d’ombre reste encore la capacité de l’équipe a maintenir l’activité et à mettre en place un mécanisme de partage de la valeur crédible avec les utilisateurs et les holders.
Pour tous les détails chiffrés, les hypothèses et les conclusions de GLC Research, retrouvez leur article complet :
Dans tous les cas, PUMP fait partie des lancements les plus importants de l’année 2025. Qu’on décide de s’y exposer ou non, il s’agit d’un événement majeur dont il y aura probablement beaucoup à apprendre et qu’il serait dommage de ne pas suivre.