Pump.fun vs. Raydium: La guerre des memecoins sur Solana

Pump.fun et Raydium : De partenaires à rivaux

Rappel : Pump.fun est une plateforme permettant de créer et trader des memecoins. Raydium est un exchange décentralisé (DEX). Ces deux protocoles sont déployés sur la blockchain Solana.

Jusqu’à récemment, Pump.fun et Raydium entretenaient une relation symbiotique. Pump.fun servait de rampe de lancement aux memecoins, tandis que Raydium leur permettait d’être échangé directement sur le marché une fois qu’ils atteignaient un seuil critique de 69 000 dollars de capitalisation.

L’euphorie du marché des memecoins en 2024 a directement bénéficié aux deux plateformes, leur permettant de générer des revenus colossaux :

• Pump.fun a facilité la création de plus de 2 millions de tokens en un an, attirant 13 millions d’utilisateurs et accumulant plus de 600 millions de dollars de revenus.
• Raydium a encaissé près de 80 millions de dollars en frais de trading, avec 41 % de ces revenus directement liés aux tokens Pump.fun (données Blockworks Research).

Cependant, des tensions sont apparues lorsque des rumeurs ont commencé à circuler sur le développement d’un AMM par Pump.fun, mettant en péril le modèle économique de Raydium et déclarant la guerre entre les deux plateformes.

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Raydium annonce LaunchLab

Le 19 mars, Raydium a surpris l’écosystème en annonçant LaunchLab, son propre launchpad de memecoins, conçu pour offrir une alternative directe à Pump.fun. Cette annonce est intervenue alors que des rumeurs circulaient déjà sur la possibilité que Pump.fun développe son propre AMM. Plutôt que d’attendre et de risquer de perdre une source majeure de revenus, Raydium a choisi d’attaquer en premier.

LaunchLab est une plateforme de lancement permissionless de tokens sur Solana, intégrant un système de bonding curve personnalisable. Contrairement à ce que certains ont d’abord supposé, LaunchLab n’est pas un simple fork de Pump.fun, mais une version optimisée avec plusieurs améliorations :

• Un système de bonding curve plus avancé : supporte des courbes linéaires, exponentielles et logarithmiques, permettant aux créateurs de tokens d’ajuster la dynamique de leur lancement.
• Prise en charge de plusieurs tokens : alors que Pump.fun utilise uniquement SOL, LaunchLab permet d’utiliser jitoSOL, des stablecoins et d’autres tokens comme référence des paires.
• Une gestion avancée de la liquidité : intégration avec l’AMM v4 de Raydium, ajout d’un locker de liquidité via des NFT, et amélioration des modèles de distribution des revenus pour les créateurs.

D’après un tweet de @0xINFRA, Core Contributeur de Raydium, cette initiative n’est “pas une guerre contre Pump.fun, mais une solution pour diversifier les options de lancement de tokens sur Solana”.

Pour autant, cette annonce marque un tournant stratégique : en quelques heures, Raydium a transformé Pump.fun d’allié passif en adversaire direct. Et dès le lendemain, Pump.fun a répliqué avec une annonce encore plus agressive.

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Pump.fun riposte avec PumpSwap

Le lendemain, le 20 mars, Pump.fun a répondu à l’annonce de LaunchLab avec PumpSwap, un AMM natif qui marque la fin de sa dépendance à Raydium et autres DEX. L’annonce a été faite directement sur X, où l’équipe a expliqué que “dès maintenant, tous les tokens qui complètent leur bonding curve migreront directement sur PumpSwap”.

PumpSwap est un AMM intégré à Pump.fun, conçu pour simplifier et optimiser l’expérience des traders de memecoins sur Solana. Il fonctionne sur le modèle de l’AMM v2 d’Uniswap et de Raydium v4, tout en apportant plusieurs améliorations :

• Migrations instantanées : Fini l’attente et la complexité de transfert des tokens vers Raydium, tout se fait en un clic.
• Aucun frais de migration : Là où la transition vers Raydium coûtait 6 SOL, Pump.fun a supprimé totalement ces coûts.
• Plus de liquidité sur Pump.fun : Les créateurs et les traders restent dans l’écosystème Pump.fun, ce qui renforce sa propre liquidité et son contrôle sur les flux de trading.
• Un modèle économique repensé : 0.25 % de frais de trading, répartis entre les LPs et le protocole, ainsi qu’un système de “Creator Revenue Sharing” à venir, où une partie des revenus sera redistribuée aux créateurs de tokens.

L’objectif est clair : capturer 100 % de la valeur générée par les memecoins et ne plus en partager les bénéfices avec Raydium. En l’espace de 24 heures, la dynamique du marché a changé : Raydium, le DEX historique de Solana vient de perdre l’une de ses plus grandes sources de volume et de revenus.

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Une bataille, mais pour un marché en déclin ?

Pump.fun ou Raydium : qui va l’emporter ?

La question qui se pose désormais est la suivante : qui va être le grand gagnant de ce divorce entre Pump.fun et Raydium en héritant de la majorité des parts de marché du secteur des memecoins ?

D’un côté, Pump.fun bénéficie d’un first mover advantage indéniable : c’est le symbole du marché des memecoins sur Solana, la plateforme qui a démocratisé et dominé ce secteur. Son pivot vers PumpSwap lui permet de capturer 100 % des revenus générés par ses tokens et de se libérer de sa dépendance envers les DEX.

De l’autre côté, Raydium est loin d’être un acteur secondaire : en tant que DEX majeur de Solana, il dispose de l’infrastructure, la liquidité et la réputation nécessaires pour se dissocier de l’influence de Pump.fun. Avec LaunchLab, Raydium a le potentiel de capter une part des créateurs et des traders de memecoins.

Une bataille dans le vide ?

Cependant, le vrai débat est ailleurs. Depuis janvier 2025, le marché des memecoins est en perte de vitesse et l’engouement s’est effondré. Le nombre de tokens atteignant la migration (i.e, complétant leur bonding curve sur Pump.fun) a chuté de 1 200 par jour à moins de 200, et aucun d’entre eux n’a dépassé le niveau du million de dollars de capitalisation ces derniers jours.

Les scandales à répétition dans l’écosystème Solana, notamment après le lancement des memecoins TRUMP et MELANIA dont l’impact sur l’écosystème a été dévastateur (au moins 2 milliards de pertes pour les traders) et le scandale du token LIBRA (4,4 milliards de market cap effacés en quelques heures) et du TRUMP memecoin (2 milliards de pertes pour les traders).

La baisse d’intérêt a entraîné un effondrement de l’activité pour Raydium et surtout Pump.fun, dont les revenus journaliers ont chuté de 95 %, passant d’un record de 15,38 millions de dollars le 25 janvier à environ 1 million de dollars en mars.

Finalement, Raydium et Pump.fun se livrent à un affrontement stratégique, mais sur un champ de bataille déserté. Le marché des memecoins semble être entré dans une phase de refroidissement, ce qui pourrait rendre cette rivalité beaucoup moins stratégique que prévu.

Le véritable enjeu n’est peut-être plus de savoir qui gagnera cette guerre, mais si le marché des memecoins peut rebondir. Car sans un retour de la spéculation, ni Raydium ni Pump.fun ne sortiront réellement vainqueurs.

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Finalement, qui est le vrai gagnant de cette guerre ?

L’utilisateur. Cela peut sembler paradoxal, mais dans cette bataille entre Pump.fun et Raydium, ce sont probablement le marché et donc par extension les utilisateurs qui ont le plus à y gagner. Lorsqu’on réfléchit aux conséquences, plusieurs éléments importants sont à mentionner.

La fin d’un monopole, un marché plus compétitif

Jusqu’à présent, Pump.fun dominait largement le secteur des memecoins sur Solana, et Raydium bénéficiait directement de cette hégémonie en captant la majorité de la liquidité générée. Aujourd’hui, ces deux monopoles viennent d’être brisés.

De cette bataille est en train d’émerger un environnement compétitif. Or, dans n’importe quel marché, la concurrence profite avant tout aux utilisateurs. Pour faire la différence, les protocoles ne pourront plus imposer leurs propres règles au détriment du client, et devront proposer des conditions plus favorables, une meilleure expérience utilisateur… et, dans le cas des cryptomonnaies, des incentives financières.

Pump.fun peut-il jouer la carte de l’airdrop ?

Malgré le poids évident de Raydium dans l’écosystème Solana, Pump.fun détient une arme redoutable que son concurrent a déjà posé sur la table il y a plusieurs années maintenant : l’airdrop.

Depuis des mois, les rumeurs d’un token Pump.fun circulent sur les réseaux sociaux, et jusqu’à présent, le seul “lancement” d’un token fut un hack du compte X officiel du protocole.

Si Pump.fun veut empêcher une migration de sa liquidité vers Raydium, la mise en place d’un programme de points ou d’un airdrop massif pourrait être une réponse stratégique. En revanche, dans le cas où la liquidité migre depuis Raydium, le premier DEX sur Solana peut se retrouver en difficulté sans que Pump.fun ait à faire un airdrop.

Cette supposition est purement spéculative, mais l’histoire récente de la DeFi a montré comment des plateformes comme Blur ont réussi à détrôner des acteurs dominants comme OpenSea en asséchant leur liquidité grâce à des airdrops ciblés.

Et maintenant ?

Dans tous les cas, cette rivalité va forcer les deux protocoles à innover et à déployer des stratégies agressives pour capter ou retenir les utilisateurs. Pump.fun et Raydium sont entrés dans un bras de fer, et les prochains mois seront cruciaux, d’autant plus si le marché des memecoins ne se relève pas.

Mais il ne faut pas oublier un point essentiel : la spéculation sur les memecoins reste extrêmement risquée. Que ce soit via Pump.fun ou Raydium, le marché des memecoins est imprévisible et représente d’immenses risques de perte partielle ou totale du capital.

Une chose est sûre : maintenant que la guerre est déclarée, les anciens alliés devenus rivaux n’ont plus d’autre choix que d’attaquer.