SIMD-228 de Solana (SOL) : Fonctionnement et débats dans la communauté
17 mars 2025

Le SIMD-228, une proposition de modification majeure des tokenomics de Solana, a divisé la communauté ces derniers jours. Considérée par certains comme “un coup d'État de gouvernance”, cette réforme prévoyant de revoir en profondeur le modèle d’inflation et de staking a finalement été refusée. Retour sur cette proposition, son fonctionnement et les débats au sein de la communauté.
Qu’est-ce que la proposition SIMD-228 ?
Le modèle actuel de Solana
Le SIMD-228 est une proposition de gouvernance sur Solana visant à modifier en profondeur le système d’émission du SOL. Cette nouvelle méthode d’émission a engendré de nombreuses discussions car elle vise à réduire l’inflation sur le SOL, afin de diminuer le nombre de SOL déposés en staking.
Solana utilise actuellement un système d’émission de SOL simplifié, basé sur le temps, sans tenir compte de l’activité du réseau ou du nombre de tokens stakés. Après son lancement, Solana a introduit une inflation annuelle initiale d’environ 8 %, qui décroît de 15 % par an pour atteindre un plancher de 1,5 %.
Concrètement, le taux d’inflation était d’environ 4,7 % en ce début 2025 et diminuera progressivement jusqu’à 1,5 % dans les années à venir selon ce modèle fixe. Ce mécanisme d’émission de SOL, activé en février 2021, fournit ainsi aux validateurs et délégateurs un rendement prévisible, mais il n’est pas dynamique et ne s’adapte pas à la participation au staking comme le fait Ethereum.
La proposition SIMD-228
La proposition SIMD-228 vise à remplacer ce modèle fixe par un modèle d’émission « intelligente », c’est-à-dire un taux d’inflation qui s’ajuste en fonction du pourcentage de SOL stakés sur le réseau. Les auteurs du SIMD-228 proposent une formule mathématique liant l’inflation au taux de participation au staking : plus la part de tokens en staking est élevée, plus l’inflation est réduite, et inversement.
En simplifiant, l’émission annuelle de nouveaux SOL serait réduite proportionnellement à la racine carrée du taux de staking.
- Si 50 % de la supply de SOL est stakée, le modèle propose de baisser fortement l’inflation par rapport au taux actuel.
- Si seulement ~33 % des SOL sont stakés, l’inflation proposée correspond à peu près au niveau du modèle actuel.
- En dessous de 33 % de participation, le réseau augmenterait même l’inflation au-delà du plancher actuel pour attirer plus de stakers et sécuriser le réseau.
- Pour un taux de staking très élevé (proche de 100 %), l’inflation tendrait vers zéro, puisqu’on estime que le réseau n’a pas besoin d’émettre plus de SOL pour convaincre davantage de validateurs dans ce cas extrême.
En pratique, étant donné le taux de staking actuel de Solana (autour de 65 % des tokens en circulation sont stakés), SIMD-228 réduirait drastiquement le taux d’inflation annuel. Les estimations suggèrent qu’on passerait d’environ 4,5 % d’émission annuelle à environ 0,9 % si la participation au staking reste aussi élevée. Cela représente une baisse d’environ 80 % des nouvelles émissions de SOL par rapport à maintenant, donc une diminution massive des récompenses de staking en SOL.
Le but affiché est de n’émettre que le montant minimal nécessaire de nouveaux tokens pour sécuriser le réseau. Ainsi, lorsque la majorité des détenteurs de SOL participent déjà au staking, le réseau n’a pas besoin de « surpayer » en inflation pour les attirer ; au contraire, il peut réduire l’émission et limiter la dilution du token. À l’inverse, si la participation chute trop, le mécanisme augmenterait automatiquement les récompenses pour inciter plus de détenteurs à staker et maintenir la sécurité.
Un changement de paradigme pour Solana
Il s’agit donc d’un changement de paradigme pour Solana. Au lieu d’une inflation déterminée à l’avance par une courbe temporelle, on aurait un pilotage algorithmique en fonction du pourcentage de SOL stakés. L’objectif est double : diminuer la pression vendeuse due aux récompenses de staking (puisqu’il y aurait moins de SOL émis et potentiellement vendus par les stakers) et stimuler l’écosystème DeFi en abaissant le rendement « sans risque » du staking.
En réduisant l’inflation quand le réseau est déjà fortement staké, Solana éviterait d’injecter des milliards de dollars de nouveaux SOL chaque année sur le marché. Par exemple, à un taux de 4,7 %, et au prix actuel, l’émission annuelle représentait plus de 2.5 milliards de dollars de SOL nouvellement créés, ce qui exerce une pression baissière sur le prix du token. Le nouveau modèle chercherait à éviter cette « sur-inflation » en ne produisant que les SOL nécessaires pour la sécurité.
Pour mettre en place ce changement en douceur, SIMD-228 prévoit une transition graduelle. Plutôt que de basculer immédiatement vers la nouvelle formule, il y aurait une interpolation sur 50 epochs (plusieurs mois) entre l’ancien taux et le nouveau. Cela donnerait le temps aux participants de s’adapter progressivement à la baisse des récompenses. En résumé, la proposition SIMD-228 instaurerait un mécanisme d’émission auto-régulé par le marché (le marché du staking), visant à optimiser la sécurité au moindre coût en SOL. Ce modèle s’inspire d’expériences d’autres réseaux (Cosmos, Polkadot, etc.) tout en étant taillé pour Solana qui connaît désormais une activité on-chain très élevée (notamment des revenus MEV importants pour les validateurs).
En effet, en 2024 la MEV sur Solana a explosé : au quatrième trimestre, les pourboires Jito ont rapporté environ 2,1 millions de SOL (soit 430 M$) aux validateurs, en forte croissance par rapport aux trimestres précédents. Ce contexte justifie, selon les partisans de SIMD-228, de réduire l’émission inflationniste classique puisque les validateurs tirent désormais des revenus significatifs de ces frais de transaction et MEV en parallèle. Près de la moitié d’entre eux ne touchent aujourd’hui plus aucun revenu sur l’inflation, puisque leurs commissions sur les émissions sont paramétrées à 0 % et sont donc intégralement distribuées aux stakers.
Pourquoi y a-t-il débat dans la communauté ?
Une modification aussi fondamentale de la politique monétaire de Solana suscite un débat animé au sein de la communauté. Plusieurs points de frictions ont émergé.
Impact sur le staking et la DeFi
Le premier, c’est l’impact sur le réseau et la DeFi. En abaissant fortement les récompenses inflationnistes, SIMD-228 pourrait réduire l’incitation à staker ses SOL. Si de nombreux détenteurs décident de retirer leurs tokens du staking pour chercher de meilleurs rendements ailleurs, le taux de participation pourrait chuter significativement. C’est d’ailleurs le but recherché jusqu’à un certain point : trouver un nouvel équilibre aux alentours de 50 % de tokens stakés (contre ~65 % aujourd’hui) pour baisser l’inflation.
Ce basculement aurait deux conséquences opposées discutées par la communauté. D’un côté, moins de SOL bloqués en staking signifie plus de SOL en circulation dans la DeFi, ce qui pourrait bénéficier aux applications DeFi de l’écosystème Solana. En effet, aujourd’hui un staking très attractif capte une grande partie de l’offre de SOL, ce qui peut limiter la liquidité et la participation dans les protocoles DeFi. En abaissant le rendement « sans risque » du staking, on réduit le seuil minimal de rendement pour que les autres applications de la DeFi soient économiquement intéressantes pour les investisseurs.
Des projets pourront plus facilement attirer des utilisateurs si ceux-ci ne gagnent plus que 2–3 % en stakant, au lieu des 6-7 % actuels. Comme le souligne la proposition, une inflation plus faible « stimule l’utilisation de SOL dans la DeFi » en rendant plus attractifs les rendements offerts par les protocoles. Un argument souvent répété est que SIMD-228 pourrait dynamiser l’écosystème en libérant du capital pour l’innovation et les nouvelles applications DeFi.
Impact sur la sécurité du réseau
D’un autre côté, une baisse trop forte du staking peut soulever des inquiétudes de sécurité et de stabilité du réseau. Le staking, rappelons-le, est ce qui sécurise la blockchain : moins de SOL stakés signifie qu’il est plus facile (théoriquement) pour un acteur malveillant d’acquérir une part significative du stake et de peser sur la validation des blocs. Certains membres de la communauté craignent qu’en visant un taux de staking autour de 50 %, on réduise la marge de sécurité dont dispose Solana.
Actuellement, avec ~65 % de tokens stakés, le réseau est très sécurisé, et les validateurs malveillants devraient contrôler des dizaines de pourcents de l’ensemble des SOL en circulation pour menacer le consensus. Si la participation tombait vers 40-50 %, ce seuil d’attaque serait plus accessible, ce qui pourrait effrayer les investisseurs dans les moments de marché difficiles.
Certains opposants à SIMD-228 ont exprimé que faire varier l’inflation en fonction d’une baisse du staking pourrait créer un cercle vicieux : en période de panique où des stakers se retirent, augmenter l’inflation (donc le rendement) pourrait être perçu négativement et accélérer la perte de confiance (puisque davantage de SOL seraient imprimés alors que le cours pourrait déjà baisser).
Néanmoins, les partisans estiment que le mécanisme agit au contraire comme un stabilisateur : il augmentera les récompenses en cas de chute du staking pour remonter la participation, et réduira au contraire l’émission inflationniste quand la confiance revient et que beaucoup de SOL sont stakés, évitant de sur-diluer le token. Le débat reste ouvert quant au point d’équilibre : la communauté s’interroge si le taux cible de ~50 % de SOL en staking est approprié ou arbitraire, et quel niveau minimum de participation est réellement nécessaire pour la sécurité du réseau.
Incertitudes sur le rendement
Le second point de débat concerne l’incertitude sur le rendement et la politique monétaire imprévisible. Avec le modèle actuel, les validateurs et les délégateurs ont une certaine visibilité à long terme sur les récompenses de staking : l’inflation suit une courbe prédéterminée, ce qui permet de prévoir aisément le futur pour les délégateurs et validateurs. En adoptant un modèle dynamique, le rendement du staking deviendrait variable. Si le taux de participation évolue (par exemple en fonction des cycles de marché ou de la popularité de la DeFi), l’APY du staking pourrait monter ou descendre de manière significative.
Cette imprévisibilité inquiète certains participants, notamment des investisseurs institutionnels ou des fonds qui apprécient la stabilité des règles du jeu. Une critique formulée est qu’une fois qu’on commence à modifier la politique monétaire d’un réseau, on ouvre la porte à d’autres changements futurs, ce qui peut éroder la confiance dans la pérennité du modèle économique. Par exemple, fixer aujourd’hui un taux variable en fonction du staking pourrait amener plus tard à le changer à nouveau si les conditions ne conviennent pas, créant une incertitude permanente.
La crédibilité du réseau est en jeu : Solana avait jusqu’ici une politique d’émission claire, et y renoncer pour un système expérimental peut faire craindre un manque de stabilité. Cependant, les défenseurs de SIMD-228 rétorquent que le modèle actuel n’est pas vraiment optimal non plus, puisqu’il est issu d’un choix arbitraire à l’origine (8 % décroissant de 15 %/an) plutôt que d’une donnée fondamentale du marché. Selon eux, laisser « le marché » du staking fixer le bon niveau d’inflation via un algorithme est plus rationnel et efficace sur le long terme, même si cela introduit de la variabilité à court terme.
Le pari de SIMD-228 est qu’avec le temps, la communauté s’habituera à des rendements qui fluctuent en douceur en fonction de l’état du réseau, un peu à la manière dont Ethereum voit aussi son rendement de staking fluctuer selon le nombre d’ETH stakés sans que cela n’ait jusqu’ici découragé les validateurs.
Risques de centralisation
Le troisième point débattu est le risque de centralisation et la pression sur les petits validateurs. L’une des préoccupations majeures concerne l’impact sur les validateurs indépendants de petite taille. Si les récompenses de staking (issues de l’inflation) baissent de 80 %, la part de revenu des validateurs provenant de l’inflation va diminuer fortement. Or, pour de nombreux petits validateurs, ces récompenses constituent une source de revenus pour payer leurs coûts d’infrastructure.
Des validateurs ont exprimé leur crainte que le nouveau modèle fluctuant aboutisse à évincer les plus petits acteurs, ne laissant en activité que les validateurs les plus importants ou disposant d’autres sources de revenus. Jota de Pine Stake estime que « la plupart des petits/moyens validateurs sont contre » la proposition, prédisant qu’elle pourrait rendre non rentables jusqu’à 25 % des validateurs actuellement profitables. Un investisseur de Finality Capital estime quant à lui que dans un scénario de bear market prolongé, la réduction d’inflation pourrait faire fermer un tiers des validateurs actuellement actifs.
Une telle contraction du set de validateurs poserait un sérieux problème de décentralisation, en concentrant la validation entre les mains de quelques opérateurs majeurs, d’autant que Solana en a seulement 1300 actuellement. Le risque perçu est que les nombreux petits validateurs disparaissent, emportant avec eux la diversité géographique qui fait la force du réseau.
Cependant, ce point fait l’objet d’analyses divergentes. Les partisans de SIMD-228 admettent qu’il pourrait y avoir une certaine consolidation du nombre de validateurs, mais ils la jugent limitée. Par exemple, l’analyse de Helius prévoit une contraction modérée et temporaire, d’autres facteurs comme le prix du SOL ou les coûts de vote ayant un poids plus important sur la rentabilité des validateurs que la seule inflation.
En outre, de nombreux petits validateurs appliquent déjà une commission de staking très faible (voire 0 %) sur les récompenses, ce qui signifie qu’ils ne comptaient pas beaucoup sur l’inflation pour leurs revenus. Le gros des revenus à terme proviendra des frais de transaction et du MEV, surtout depuis l’activation de SIMD-96 en février 2025 qui alloue désormais 100 % des frais de priorité aux validateurs (alors que 50 % étaient auparavant brûlés).
Ainsi, paradoxalement, plus de la moitié des validateurs Solana aujourd’hui tirent l’essentiel de leurs revenus de ces streams hors inflation (frais, tips MEV) et non des commissions sur l’inflation. Cela relativise l’impact de la baisse des récompenses de staking : les validateurs pourront compenser en partie via les frais on-chain, surtout si l’activité du réseau reste soutenue. De plus, la communauté travaille en parallèle sur des améliorations pour réduire les coûts fixes des validateurs (par ex. la réduction des frais de vote, évoquée dans SIMD-0123) et possiblement pour permettre aux délégateurs de toucher une part des récompenses de blocs à l’avenir. Ces mesures pourraient atténuer le choc pour les petits opérateurs et éviter une centralisation excessive pendant la transition.
Moins d’attractivité pour les stakers
Le quatrième sujet de débat, c’est la baisse du rendement pour les délégateurs (stakers). Pour les détenteurs de SOL qui délèguent leurs tokens à un validateur, le rendement annuel en SOL va mathématiquement baisser si SIMD-228 est adopté, du fait de la réduction de l’inflation.
Actuellement, un délégateur peut espérer ~6–7 % APY en combinant l’inflation et la part des frais de transactions éventuellement redistribuée via une commission faible. Avec une inflation divisée par ~4, son rendement de base en SOL pourrait tomber autour de 1–2 % APY (variable selon le nouvel équilibre du taux de staking). Cela soulève des inquiétudes : de nombreux participants au staking pourraient trouver ce rendement trop faible par rapport au risque (même s’il est modeste sur Solana, où le délégateur ne peut perdre que via slashing en cas de faute du validateur, événement rarissime).
Surtout, les délégateurs ne profitent pas directement des autres revenus (frais, MEV) générés par les validateurs. En effet, sauf accord explicite, un validateur conserve pour l’instant 100 % des frais de priorité et des revenus MEV obtenus en proposant des blocs, ne reversant aux délégateurs que les récompenses inflationnistes (moins sa commission).
Depuis SIMD-96, cette situation s’est accentuée : la moitié des frais de transaction qui étaient autrefois brûlés (ce qui profitait indirectement à tous les détenteurs en réduisant l’offre) sont maintenant alloués aux validateurs, augmentant leurs revenus hors staking. Or ces gains supplémentaires ne sont généralement pas partagés avec les délégateurs, ce qui signifie que le délégateur moyen voit son rendement net diminuer (moins d’inflation distribuée, mais pas de compensation via les frais). Certains délégateurs pourraient alors envisager d’autres stratégies, par exemple participer à des pools de liquid staking ou placer leurs SOL dans la DeFi pour chercher du rendement, plutôt que de les déléguer classiquement. La crainte est que cela amplifie la baisse du taux de staking et accentue le mouvement de sortie si rien n’est fait pour améliorer le sort des délégateurs dans le nouveau modèle.
La communauté discute donc de pistes pour maintenir l’attrait du staking malgré la baisse de l’inflation. L’une d’elles serait d’implémenter à terme une redistribution protocolaire des frais de bloc aux délégateurs, c’est-à-dire permettre aux validateurs de partager une fraction des revenus de transaction avec ceux qui les délèguent (via un paramètre de commission sur les frais, un peu comme la commission sur l’inflation). Une autre consiste à encourager les validateurs à baisser davantage leurs commissions sur l’inflation pour que les délégateurs capturent la quasi-totalité des nouveaux SOL émis (plus facile à promettre quand ce montant est faible).
Enfin, l’argument des défenseurs de SIMD-228 est que la valeur en fiat du rendement importe autant que le pourcentage : si la réduction de l’inflation soutient le cours du SOL (en limitant la pression vendeuse), un délégateur pourrait y gagner en valorisation du token même si le nombre de SOL reçus en récompense est moindre. Cette vision de long terme, qui privilégie la prise de valeur du SOL plutôt que le revenu passif élevé en SOL, s’oppose à la préférence de certains stakers pour le yield immédiat. C’est là encore un sujet de débat idéologique dans la communauté Solana.
Résultat du vote sur la proposition SIMD-228
Clôturé le 14 mars 2025, le vote sur la proposition SIMD-228 a enregistré une participation exceptionnellement élevée, avec 74 % des validateurs ayant exprimé leur avis. Dès les premiers jours, après son lancement le 7 mars, plus de 85 % des votes comptabilisés étaient favorables à la proposition. Cependant, ce soutien s’est progressivement érodé au fil des jours, tout en restant au-dessus du seuil de 66.67 % nécessaire à son adoption. Un tournant décisif est survenu le 13 mars, six heures avant la clôture du vote, lorsque de nombreux opposants ont voté en masse contre la proposition, faisant chuter le pourcentage de votes favorables de 66 % à 60 %.
Au final, sur les 74 % de validateurs ayant participé, 58.7 % ont voté pour la proposition, un chiffre insuffisant pour atteindre la majorité requise. À l’inverse, 36.9 % se sont prononcés contre, tandis que 4.4 % se sont abstenus. Avec seulement 43.6 % de l’ensemble des validateurs soutenant la mesure, le résultat met en évidence une division nette au sein de la communauté Solana, incapable de dégager un consensus clair, que ce soit pour entériner ou rejeter définitivement cette réforme.
Une fracture marquée est apparue entre les petits et les gros validateurs. Les validateurs disposant de moins de 500 000 SOL ont majoritairement rejeté la proposition à plus de 60 %, estimant qu’elle leur serait particulièrement préjudiciable en réduisant leurs revenus et en menaçant leur viabilité économique. En revanche, les validateurs les plus importants, possédant plus de 500 000 SOL, ont voté en majorité en faveur à plus de 60 %. Ces derniers tirent généralement leurs revenus d’autres sources, comme les frais de transaction ou le MEV, et voient dans SIMD-228 une évolution favorable à la soutenabilité du réseau sur le long terme. Cette divergence reflète des intérêts économiques distincts au sein de l’écosystème Solana, rendant encore plus complexe l’émergence d’un consensus autour des réformes de la tokenomics.
Conclusion
En conclusion, le rejet de la proposition SIMD-228 met en lumière les tensions entre les impératifs de long terme (optimisation de la tokenomique et réduction de l’inflation) et les préoccupations immédiates des validateurs et délégateurs (rentabilité et sécurité du réseau). La forte participation au vote et la division des opinions montrent que la communauté Solana est profondément concernée par ces enjeux, sans parvenir à un consensus clair.
L’échec de SIMD-228 dans sa forme actuelle ne signifie pas forcément l’abandon de toute réforme. Il est probable que de nouvelles propositions émergent pour répondre aux objections soulevées, comme l’introduction de mécanismes de partage des revenus ou d’incitations spécifiques pour les validateurs. Solana devra continuer à explorer des ajustements afin de concilier soutenabilité économique, attractivité du staking et décentralisation du réseau.
Ce vote marque donc une étape importante dans la réflexion collective sur l’évolution de la politique monétaire de Solana, et pourrait inspirer d’autres initiatives pour affiner progressivement le modèle économique du protocole.