Comment Trump a reconstruit l'avenir des cryptos en 100 jours
30 avril 2025

Dans cet article
Dans cette analyse, nous examinons en profondeur les changements réglementaires vis-à-vis de l’industrie des cryptomonnaies, apportés par l’administration Trump au cours des premiers mois de son retour au pouvoir aux États-Unis.
Cet article a été rédigé par l’équipe de Leviathan News, un média décentralisé propulsé par le $SQUID. L'analyse originale intitulée « How Trump Rebuilt Crypto’s Future in 100 Days » est également disponible sur leur compte X.
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Préambule
Contexte sur l’analyse
Nous avons voulu proposer cette analyse car le rythme des changements depuis l’arrivée de Trump à la maison blanche a été vertigineux. Dans presque tous les recoins du gouvernement américain, la politique vis-à-vis des cryptos a été complètement renversée. Même pour les initiés, il devient difficile d’en suivre tous les détails. Chaque semaine, une nouvelle agence semble annuler des anciennes règles, mettre fin à des enquêtes ou lancer de nouvelles initiatives favorables à l’innovation crypto.
Le déclencheur de cet article a été le retrait par la Fed de la lettre SR 23-8 / CA 23-5, publiée le 8 août 2023, qui constituait en pratique une restriction imposée aux banques membres d’État souhaitant interagir avec n’importe quel type d’actif numérique adossé au dollar, y compris les stablecoins.
La lettre exigeait que les banques obtiennent une non-objection écrite de la part de l’organe de supervision avant de mener toute activité (émission, conservation ou transaction) liée à des actifs numériques adossés au dollar. Le processus était intentionnellement contraignant et faisait partie des quatre lettres écrites par la Fed qui empêchaient de facto les banques de toucher aux cryptos et aux stablecoins, constituant l’ossature de l’Opération Chokepoint 2.0.
Flashback sur les 8 dernières années
Pour ceux qui n’ont jamais tenté de lancer une entreprise crypto au cours des huit dernières années (probablement la majorité de nos lecteurs), voici une explication simple : c’était quasiment impossible. L’accès bancaire était compliqué, les canaux de paiement étaient bloqués, les investisseurs hésitaient et même la gestion de trésorerie la plus basique était un cauchemar.
La politique américaine a forcé les entrepreneurs légitimes à s’exiler vers des juridictions plus risquées et des institutions financières plus faibles. Elle a poussé les utilisateurs et entreprises vers des acteurs de l’ombre comme FTX, BlockFi ou Celsius, les mêmes entités qui se sont effondrées et ont causé les dommages que les régulateurs prétendaient vouloir éviter.
Après ces effondrements, nous avons vu de larges pans de l’écosystème crypto s’éteindre. Non pas parce qu’ils étaient frauduleux, ou parce qu’ils ont échoué d’eux-mêmes, mais parce que Washington a restreint leur accès à l’infrastructure de base nécessaire à leur survie. L’administration Biden a refusé d’offrir aux entreprises crypto américaines un accès légal au stockage d’actifs, aux services bancaires et à l’utilisation de stablecoins.
La situation en 2025
Avance rapide jusqu’en 2025, et la situation est radicalement différente. En seulement 100 jours, l’administration Trump a fait volte-face : non seulement par rapport à Biden, mais aussi par rapport à toutes les administrations précédentes, y compris son propre premier mandat.
Au sein de la SEC, de la CFTC, du Trésor, de la FDIC, de l’OCC et de la Réserve fédérale, les régulations anti-crypto ont été retirées, l’hostilité répressive a été démantelée et on peut même dire que les portes ont été grandes ouvertes à l’innovation.
Le résultat est rien de moins qu’une renaissance. Des entreprises crypto américaines comme Ripple, Coinbase, Circle et bien d’autres mènent désormais un mouvement « Made in America », rapatriant les startups et les projets naissants sur le territoire américain.
Cet article propose une vue complète de tous les changements opérés : classés par agence, organisés selon une chronologie, et comparés directement au cadre de l’ère Biden et aux tendances réglementaires mondiales. Chaque affirmation est appuyée par des sources primaires ou des reportages crédibles. Si vous voulez comprendre à quel point nous avons progressé, et pourquoi ce moment est crucial pour l’avenir de la crypto aux États-Unis… continuez la lecture.
Leadership de la Maison-Blanche et actions exécutives de Trump
Commençons par le sommet : la Maison-Blanche.
Dès son premier jour, le président Trump a ordonné un gel réglementaire à l’échelle du gouvernement, suspendant toutes les règles en attente (y compris les propositions des agences indépendantes) pour une période de 60 jours, le temps d’un examen. Cette décision a mis fin à toutes les initiatives de dernière minute de l’ère Biden et a également envoyé un signal clair aux agences : elles ne devaient pas défendre certaines réglementations de l’administration précédente devant les tribunaux.
Trump a donné le ton dès le départ, en déclarant que la cryptomonnaie ne devait pas être traitée de manière injuste et que l’époque de l’instrumentalisation du système judiciaire contre les entreprises américaines légitimes était révolue.
Trois jours plus tard, le président Trump a publié un décret large définissant la politique de son administration en matière de cryptomonnaies : le décret exécutif 14178, intitulé « Renforcer le leadership américain dans les technologies financières numériques ».
Ce décret a annulé celui de Biden (Executive Order 14067 de mars 2022, « Assurer le développement responsable des actifs numériques ») et a supprimé toutes les directives et cadres établis dans ce contexte, y compris le cadre de coopération internationale du Trésor.
Le nouveau décret établit que la politique des États-Unis est de soutenir la croissance responsable des actifs numériques et de la technologie blockchain. Il entend protéger le droit des individus à utiliser les blockchains publiques et à conserver leurs cryptos eux-mêmes sans « persécution », promouvoir la souveraineté du dollar à travers les stablecoins adossés au dollar, garantir un accès équitable aux services bancaires pour les entreprises crypto légitimes, et fournir une clarté réglementaire « technologiquement neutre ».
Ce même décret a également mis en place un groupe de travail interagences au sein du Conseil économique national, intitulé « Groupe de travail du président sur les marchés des actifs numériques », dirigé par le conseiller spécial pour l’IA et la crypto, David Sacks.
L’objectif de ce groupe est de rassembler les principaux responsables du Trésor, du DOJ, de la SEC, de la CFTC, de la Fed, du DHS, etc., afin de coordonner la politique crypto. Il est chargé d’examiner toutes les réglementations existantes et de soumettre sous 180 jours un cadre réglementaire fédéral unifié pour les actifs numériques (y compris les stablecoins), ainsi que des propositions de lois à soumettre au Congrès si nécessaire.
Le groupe de travail a aussi reçu pour mission d’étudier la création d’une « réserve stratégique d’actifs numériques », une réserve gouvernementale de cryptomonnaies saisies auprès de criminels. En mars 2025, la Maison-Blanche a confirmé la mise en place d’une « réserve stratégique de Bitcoin », avec une directive du Trésor expliquant que les crypto-actifs confisqués seraient désormais conservés plutôt que vendus immédiatement aux enchères.
À noter également que Trump a accordé une grâce présidentielle à Ross Ulbricht, fondateur du marché du darknet Silk Road, condamné en 2015 à deux peines de prison à perpétuité dans une affaire très controversée. Trump avait promis cette grâce pendant la convention du Parti libertarien en mai 2024.
Il a également gracié la société BitMEX et ses trois cofondateurs, Arthur Hayes, Benjamin Delo et Samuel Reed, qui avaient plaidé coupable pour violation du Bank Secrecy Act en n’ayant pas mis en place de procédures de lutte contre le blanchiment et de connaissance client.
« Cette grâce totale et inconditionnelle du président Trump valide la position que nous avons toujours défendue – BitMEX, mes cofondateurs et moi n’aurions jamais dû être inculpés au titre d’une loi obscure et obsolète », a déclaré Benjamin Delo. « En tant que plateforme crypto la plus performante de son genre, nous avons été injustement désignés comme bouc émissaire, sacrifiés pour des raisons politiques et utilisés pour envoyer des signaux réglementaires incohérents. »
Securities and Exchange Commission (SEC)
Gary Gensler est parti, bonne nouvelle pour la crypto. Le cauchemar des quatre dernières années a été remplacé par une nouvelle direction à la SEC, qui a totalement changé de posture. On est passé d’une approche agressive de « régulation par l’application » sous l’ère Gensler à une approche beaucoup plus favorable, centrée sur la création de règles formelles et la prévention de la fraude (note Leviathan News : ce qu’ils auraient dû faire depuis le début, mais pour une raison étrange, tout le gouvernement semblait croire qu’il pouvait utiliser ses pouvoirs réglementaires et exécutifs pour tuer l’industrie, ce qui a vraisemblablement raté).
L’ancien président Gary Gensler a démissionné quelques jours avant l’investiture de Trump, qui a nommé Mark T. Uyeda en tant que président par intérim. À la mi-mars, Trump a proposé la nomination de l’ancien commissaire Paul Atkins comme président permanent de la SEC. Il a été confirmé par le Sénat le 9 avril 2025. Lors d’une table ronde crypto la semaine dernière, il a déclaré que « notre industrie a été étouffée ces dernières années, et que des changements sont urgemment nécessaires ».
Dès le 21 janvier 2025, la SEC a annoncé la création d’une Crypto Task Force (CTF), chargée d’élaborer un cadre réglementaire complet. La commissaire Hester Peirce, surnommée « Crypto Mom » et défenseuse historique du secteur, a été nommée présidente de cette task force.
Début février, Peirce a publié un document intitulé « There Must Be Some Way Out of Here » qui liste les principales questions et enjeux de la régulation crypto. Les priorités incluent :
- clarifier le statut juridique des différents tokens (titres financiers ou non), potentiellement via des périodes de grâce ou des garanties de non-poursuite pour les projets ne rentrant pas dans les cases habituelles
- Offrir des exemptions temporaires pour que les tokens puissent s’échanger comme des biens non financiers en attendant les nouvelles règles
- Faciliter les démarches d’enregistrement via Reg A+ modifié ou crowdfunding
- Mettre à jour les règles de conservation d’actifs pour que les brokers et gestionnaires puissent plus facilement gérer des cryptos
- Clarifier les programmes de staking et lending par rapport à la loi sur les titres
- Favoriser l’arrivée de produits d’investissement crypto (ETF, ETP)
- Et même envisager des « sandboxes » transfrontalières pour tester des innovations en conditions réelles.
Cela fait une décennie que l’industrie crie qu’elle veut de la clarté réglementaire. C’est chose faite.
La première grande mesure de l’ère Trump a été l’abrogation officielle de la directive SAB 121, mise en place en mars 2022, qui obligeait les entreprises cotées (banques incluses) à inscrire sur leur bilan les actifs cryptos de leurs clients en tant que passifs.
Cette règle imposait un surcollatéral absurde : si une banque souhaitait conserver un milliard de dollars en Bitcoin, elle devait aussi détenir un milliard d’actifs de haute qualité en face. Aucun autre actif n’était traité de cette manière. Depuis l’abrogation, les banques envisagent sérieusement de garder du Bitcoin et de l’Ethereum en custody, voire d’émettre leurs propres stablecoins. On s’attend à une intégration rapide des cryptos dans le système bancaire américain.
Autre tournant majeur : la stratégie de la SEC en matière de répression. L’agence a abandonné les poursuites contre Coinbase, OpenSea, Ripple, Robinhood, Dragonchain et d’autres entreprises crypto américaines légitimes. La SEC a précisé que l’abandon de l’affaire Coinbase « ne reflète pas les mérites de l’affaire », mais vise à « faciliter les efforts de réforme et de renouvellement de [sa] politique réglementaire en matière de crypto ». Le président intérimaire Uyeda a expliqué qu’avec la nouvelle task force en place, il était temps de « développer une politique crypto de manière plus transparente », plutôt que par des procès improvisés. À noter que les cas de fraude réelle (manipulation de marché, schémas Ponzi…) resteront une priorité.
Le 27 février, la division de la finance des entreprises de la SEC a publié un « Staff Statement on Meme Coins », indiquant que les tokens liés à des memes (portés par les réseaux sociaux, sans promesse de profits liés au travail d’autrui) « ne constituent pas une offre ou une vente de titres ». C’est la première fois que la SEC reconnaît officiellement qu’une catégorie d’actifs crypto (comme Dogecoin) échappe à son autorité, un revirement total après des années à considérer que « presque tous les tokens » étaient des titres financiers.
Enfin, la Commission a modifié ses règles internes pour éviter les excès des membres ou des fonctionnaires. Elle a adopté une règle finale imposant un vote majoritaire de la Commission pour autoriser toute nouvelle enquête formelle. Cela met fin à la délégation de pouvoir accordée à la Division de l’Enforcement, qui pouvait jusqu’alors émettre des assignations de son propre chef. Pendant l’ère Biden, cette autonomie a permis une stratégie de « répression par régulation » où des agents zélés ciblaient des entreprises crypto à leur convenance. Désormais, toute nouvelle enquête nécessitera l’aval explicite de la majorité des commissaires, un garde-fou important.
Régulateurs bancaires (OCC, FDIC et Réserve fédérale)
Si la SEC a monopolisé l’attention sur les politiques anti-crypto pendant l’ère Biden, ce sont sans doute les agences fédérales de régulation bancaire qui ont eu le plus grand impact sur la croissance du secteur, son exode à l’étranger, et son exposition aux risques systémiques.
Ensemble, elles ont mené l’Opération Chokepoint 2.0, une campagne informelle mais coordonnée visant à couper l’accès des entreprises crypto au système bancaire traditionnel. Sans voter de nouvelle loi, la FDIC, la Fed et l’OCC ont fait pression sur les banques via des directives de supervision, des inspections et des avertissements officieux, étiquetant les entreprises crypto comme « à haut risque », sans égard pour leur conformité réelle ou leur solvabilité. Cette coordination a été illustrée par les communiqués conjoints de 2023 des trois agences, qui affirmaient que les modèles économiques crypto représentaient des risques pour la « sécurité et la solidité » du système.
Cette stratégie faisait écho à la première Opération Chokepoint de l’ère Obama, où des secteurs jugés indésirables politiquement (comme les prêteurs sur salaire ou les armuriers) avaient été exclus du système bancaire par intimidation réglementaire plutôt que par des actions formelles. Dans le cas de la crypto, l’effet a été glaçant : plusieurs banques spécialisées ont fait faillite (Silvergate) ou ont été saisies (Signature), les marchés de stablecoins ont été perturbés (Silicon Valley Bank), et de nombreuses entreprises crypto ont fui les États-Unis, affaiblissant la position américaine dans l’économie numérique émergente.
La FDIC a été l’un des principaux bras exécutifs de cette stratégie, utilisant des tactiques de pression indirectes pour évincer les banques pro-crypto du système. En 2022 et 2023, elle a publié des avertissements publics contre la banque crypto, insistant sur le « risque réputationnel » lors des inspections, dissuadant même les banques respectueuses des lois de travailler avec des clients crypto. Sous cette pression, Silvergate Bank a été contrainte à une liquidation volontaire, tandis que Signature Bank a été saisie sans procédure d’insolvabilité formelle, sous prétexte de stabilité financière. Des hauts responsables ont ensuite admis que ces actions étaient motivées politiquement pour envoyer un signal anti-crypto.
Sous la direction de Travis Hill, président par intérim, la FDIC a officiellement annulé ses précédentes directives en mars 2025 via la circulaire FIL-7-2025, qui exigeait auparavant qu’une banque supervisée par la FDIC obtienne une autorisation préalable pour mener des activités liées aux actifs numériques.
Désormais, les banques ne sont plus soumises à cette couche d’approbation additionnelle, à condition qu’elles gèrent correctement les risques traditionnels. Hill a déclaré clairement que les entreprises crypto ont droit à des services bancaires comme n’importe quelle autre industrie légale, et que les anciennes méthodes de dissuasion étaient une erreur. L’ère des campagnes de pression officieuses et des exclusions bancaires en coulisse semble close – du moins au niveau fédéral.
À la Réserve fédérale, le retrait de la lettre SR 23-8 le 24 avril 2025 a mis fin à l’obligation pour les banques membres de solliciter une autorisation avant de traiter avec des stablecoins ou des tokens adossés au dollar.
Mais des critiques comme la sénatrice Cynthia Lummis ont souligné que des problèmes plus profonds subsistent.
La Policy Statement de la Fed liée à la Section 9(13) reste en vigueur, considérant toujours Bitcoin et les actifs numériques comme « risqués et instables », et l’agence continue de ralentir l’octroi de comptes « master » aux banques crypto comme Custodia. Même si les démarches administratives ont été allégées, la résistance culturelle au sein de la supervision persiste. Il est question que la Fed révise ses directives en matière de hiérarchisation des demandes de comptes (guidelines tiered master account), qui placent actuellement les banques crypto dans la catégorie la plus difficile, mais aucun calendrier n’a été fixé.
À la fin du précédent mandat Trump, Brian Brooks, alors contrôleur par intérim de l’OCC, avait autorisé les banques à offrir des services de conservation d’actifs crypto (IL 1170), à détenir des réserves de stablecoins (IL 1172), ou à opérer des nœuds blockchain et utiliser les stablecoins comme moyen de paiement (IL 1174). Le successeur de Brooks sous Biden, Michael Hsu, avait annulé ces directives, exigeant des preuves de sécurité avant tout onboarding de clients crypto – gelant de facto toutes les activités.
Depuis mars 2025, Rodney Hood, nouveau contrôleur par intérim de l’OCC, a publié la Interpretive Letter 1183 qui annule ces restrictions et rétablit les lignes directrices de Brooks. L’agence considère que l’expertise interne est désormais suffisante pour superviser les activités crypto sans exigence supplémentaire.
L’OCC a également retiré sa participation au « Joint Statements on Crypto-Asset Risks » émise en 2023 avec la Fed et la FDIC. En se désolidarisant de ces alertes, l’OCC envoie le message qu’elle ne cautionne plus les mises en garde générales sur la liquidité et le crédit dans la crypto.
La grande question qui reste : l’administration Trump rendra-t-elle permanente la règle de « Fair Access » (proposée à la fin de son premier mandat), qui empêcherait les banques de refuser arbitrairement leurs services à des secteurs légaux comme la crypto ? Il faudra verrouiller ces avancées pour éviter qu’un futur président anti-crypto ne relance Chokepoint.
Commodity Futures Trading Commission (CFTC)
Nous n’avions pas vu grand-chose de la CFTC lors du précédent mandat, mais nous pensons qu’elle deviendra le principal régulateur et le centre de gravité pour les politiques crypto. Il est probable qu’une loi sur la structure des marchés crypto soit adoptée en 2025, et la plupart des tokens tomberaient alors sous la juridiction de la CFTC.
La CFTC, sous la présidence par intérim de Caroline D. Pham, a agi rapidement pour annuler les dégâts causés sous l’administration Biden.
Le 4 février 2025, Pham a annoncé une réorganisation complète de la division Enforcement de la CFTC, mettant fin à la pratique de la "régulation par la répression". Les cellules spécialisées qui ciblaient les activités crypto ont été dissoutes, et la division a été restructurée en deux grands groupes : l’un dédié à la fraude complexe, l’autre à la fraude grand public.
“La CFTC renforce son programme de répression pour se concentrer sur les victimes de fraude, tout en restant vigilante face aux autres violations. Cette structure simplifiée met fin à la régulation par la répression et est plus efficace. Ces changements nécessaires permettront d’optimiser les ressources de la CFTC pour poursuivre les fraudeurs et autres acteurs malveillants, sans pénaliser les citoyens honnêtes. Je félicite la division Enforcement pour son engagement à protéger le public américain.” - Caroline D. Pham
Cela a été renforcé le 25 février 2025 par un nouvel avis réglementaire de la division, qui relève le seuil requis pour qu’une infraction justifie une action formelle, et qui privilégie la conformité volontaire plutôt que les sanctions.
Fin mars 2025, la CFTC a franchi une nouvelle étape en annulant formellement deux notes de service internes. La Division of Clearing and Risk a retiré la note 23-07, qui demandait aux chambres de compensation d’appliquer un examen renforcé avant d’approuver tout dérivé crypto. Simultanément, les Divisions of Market Oversight and Clearing ont annulé la note 18-14, qui imposait une révision supplémentaire avant l’introduction de nouveaux contrats à terme ou options sur cryptomonnaies.
Ces retraits signifient que les produits dérivés crypto sont désormais soumis aux mêmes procédures d’enregistrement et de compensation que les matières premières classiques comme le pétrole, l’or ou le soja, sans être considérés comme des actifs à risque particulier.
En parallèle, la CFTC s’est positionnée comme un partenaire actif de l’industrie crypto via le lancement du programme “Digital Asset Markets Pilot”. Annoncé le 7 février 2025 lors d’un forum de dirigeants crypto organisé par la CFTC, ce programme explore comment les stablecoins et les actifs tokenisés peuvent être utilisés comme collatéraux sur les marchés à terme. Des entreprises majeures comme Circle, Coinbase, Crypto.com et Ripple participent directement à l’élaboration des règles et de l’infrastructure du projet pilote. La CFTC décrit cette initiative comme un “bac à sable pour marchés réels”, similaire aux approches réglementaires testées à Singapour ou au Royaume-Uni, mais cette fois ancrée dans le système américain.
Enfin, en avril 2025, Caroline Pham a formellement aligné la CFTC avec la nouvelle directive du ministère de la Justice visant à éviter la "régulation par les poursuites" pour la crypto. Dans une déclaration publique datée du 8 avril, elle a demandé à son personnel de veiller à ce que les mesures d’application de la loi ciblent des cas clairs de fraude ou de manipulation, et non des violations techniques de l’enregistrement ou des structures de marché innovantes.
La CFTC semble donc en voie de devenir le régulateur le plus important pour l’industrie crypto, mais elle reste aussi l’inconnue majeure dans la stratégie de l’administration Trump.
Même si la plupart des tokens crypto sont désormais considérés comme des matières premières et donc sous la juridiction de la CFTC, il n’existe toujours pas de cadre clair pour la régulation des marchés au comptant, qui représentent pourtant la majorité de l’activité économique crypto. La CFTC devra aussi se pencher sur la régulation des contrats perpétuels, et elle a d’ailleurs lancé un appel à commentaires publics à ce sujet la semaine dernière.
Reste à savoir si la CFTC choisira une approche bienveillante pour soutenir l’innovation crypto ou si elle retombera dans une supervision prudente et restrictive. Ce choix déterminera si les États-Unis parviennent enfin à libérer pleinement le potentiel des marchés crypto domestiques, ou si une nouvelle phase d’incertitude poussera l’industrie à nouveau hors du pays.
Département du Trésor et FinCEN
Le Département du Trésor, qui supervise à la fois le FinCEN (Financial Crimes Enforcement Network) et l’OFAC (Office of Foreign Assets Control), a opéré un virage marqué sous l’administration Trump.
Le changement le plus clair est intervenu avec l’abrogation de la règle dite du “broker DeFi” imposée par l’IRS. En avril 2025, le président Trump a promulgué la résolution H.J.Res. 25, utilisant le Congressional Review Act pour annuler un règlement de l’ère Biden qui aurait classé les plateformes décentralisées et les utilisateurs en auto-garde comme des courtiers soumis à des obligations de déclaration fiscale. Cette règle aurait tout simplement tué le DeFi aux États-Unis, car aucun protocole n’aurait pu se conformer aux exigences de surveillance quasi impossibles qu’elle imposait.
La posture du FinCEN a évolué dans le même sens. Bien que l’agence n’ait pas officiellement révoqué ses précédentes lignes directrices sur les cryptomonnaies, elle a mis de côté plusieurs propositions très contraignantes, comme la fameuse règle sur les “portefeuilles non hébergés” de 2020, restée en suspens depuis plusieurs années. Cette règle aurait imposé des obligations strictes de KYC pour toutes les transactions entre portefeuilles privés.
Dans un revirement majeur, l’OFAC a officiellement levé les sanctions imposées à Tornado Cash en avril 2025, en retirant les smart contracts du protocole de la liste SDN (Specially Designated Nationals). Cette nouvelle approche met l’accent sur la sanction des individus et entités facilitant des activités illicites, plutôt que sur les outils logiciels ou technologies décentralisées elles-mêmes.
Département de la Justice (DOJ) et forces de l’ordre
Le Département de la Justice a mis en place des réformes radicales, abandonnant l’approche agressive de l’administration précédente qui utilisait les poursuites pénales pour imposer la régulation crypto.
Le 7 avril 2025, le procureur général adjoint Todd Blanche a publié le “Blanche Memo”, ordonnant à tous les procureurs fédéraux de cesser les poursuites visant à imposer des obligations réglementaires à l’industrie crypto par le biais du droit pénal. Les émissions de tokens non enregistrés, les programmes de staking ou les plateformes d’échange sans fraude manifeste ne sont plus considérés comme des cibles criminelles. Les procureurs du DOJ doivent désormais se concentrer sur les délits traditionnels tels que la fraude, le vol, le blanchiment d’argent ou le financement du terrorisme.
Le DOJ a également dissous en février 2025 sa “National Cryptocurrency Enforcement Team” (NCET). Créée fin 2021, cette unité avait mené la plupart des actions judiciaires agressives contre l’industrie crypto sous l’administration Biden. Sa suppression symbolise un renoncement total à l’idée que la crypto mérite une force de frappe spécifique.
Enfin, le DOJ s’est aligné sur la nouvelle politique de sanctions ciblées du Département du Trésor, en promettant que les futures sanctions liées aux cryptomonnaies viseront uniquement des individus ou acteurs illicites, et non plus des technologies entières comme Tornado Cash.
Conclusion et avis de Leviathan News
L’administration Trump a apporté des changements majeurs à l’industrie crypto en seulement quelques mois. Elle a mis en œuvre des réformes radicales qui ont rouvert les portes aux entreprises, développeurs et constructeurs américains, leur permettant d’opérer légalement et librement aux États-Unis — une inversion complète par rapport à l’environnement que nous avons connu sous l’administration précédente.
Je sais qu’avec le temps, certains tenteront d’effacer de la mémoire collective ce qui s’est passé pendant les années Biden, mais nous ne devons pas oublier. Les politiques mises en place au niveau fédéral ont fait reculer notre industrie de plusieurs années. Elles n’ont pas protégé les investisseurs. Elles n’ont pas empêché la fraude. Elles ont renforcé les mauvais acteurs tout en punissant les entreprises légitimes qui ne voulaient que construire et se développer.
Il est honteux qu’un parti politique ait déclaré une guerre ouverte à notre industrie, fait campagne sur la création d’une “armée anti-crypto”, et instrumentalisé l’accès bancaire, la régulation et la communication publique contre nous.
Des milliards de dollars ont été perdus, des banques ont fait faillite, l’innovation est partie à l’étranger, et une atmosphère de défiance a contaminé une industrie qui aurait dû incarner l’excellence technologique américaine.
Pendant cette période, les États-Unis auraient pu définir la norme mondiale en matière de régulation crypto, mais à la place, ils ont adopté une posture draconienne, soupçonneuse, partant du principe que tout devait être détruit dans cet écosystème.
Heureusement, la tendance s’est inversée. Nous avons désormais un président qui soutient ouvertement les actifs numériques, comprend leur importance pour l’économie future, et veut que les États-Unis soient un leader dans la crypto, l’IA, et la prochaine génération d’innovation.
L’aveuglement des démocrates restera dans l’histoire comme une erreur stratégique majeure. C’est une industrie pesant plusieurs milliers de milliards de dollars, et leur tentative de la faire disparaître apparaîtra rétrospectivement comme mesquine, vindicative et absurde.
Merci d’avoir lu cette enquête approfondie sur les premières actions de l’administration Trump en matière de politique crypto. L’écrire et la documenter a clairement montré à quel point les dégâts ont été profonds, et à quelle vitesse ils sont désormais en train d’être réparés.
Que vous aimiez Trump ou non, le constat est simple : il a redonné vie à notre industrie. Nous avons une fenêtre d’opportunité pour construire, grandir et mener. À nous de l’utiliser intelligemment.