Rapport marché crypto en février 2025 : Donald Trump fait des siennes
10 mars 2025

Comme chaque mois, les équipes d’OAK Research vous proposent une analyse approfondie du marché des cryptomonnaies à travers les principales métriques fondamentales. Dans cette édition de février 2025, nous nous pencherons sur l’évolution du cours du Bitcoin (BTC) et du marché des altcoins, au regard du contexte macro-économique et des annonces de Donald Trump. Nous étudierons également les mouvements des ETF Bitcoin spot, les effets du hack de Bybit et du crash du token LIBRA, ainsi que les tendances émergentes malgré l’état morose du marché.
Vue d’ensemble du marché
Après un mois de janvier marqué par la consolidation du BTC dans un range compris entre 93 000 dollars et un nouveau record à 109 500 dollars, le mois de février 2025 a été le théâtre d’une forte volatilité sur le marché des cryptomonnaies. L’optimisme d’une administration Trump “pro-crypto” a rapidement été éclipsée par les tensions commerciales alimentées par le président américain et un net désengagement des investisseurs institutionnels.
Dès le 3 février 2025, le marché a été secoué par une correction brutale après l’annonce par Donald Trump de nouveaux tarifs douaniers sur les importations. Le cours du Bitcoin (BTC) a d’abord chuté sous les 92 000 dollars, avant de terminer la journée dans le vert suite à un retour au-dessus des 102 000 dollars.
Néanmoins, ce contexte de guerre commerciale a plongé les marchés à risque - et particulièrement celui des cryptomonnaies - dans une incertitude. Le 25 février, une nouvelle vague d’annonce de “tarrifs” a accentué le stress sur les marchés et a fait plonger le BTC, cassant au passage la borne basse d’un range qui durait depuis le mois de novembre 2024, pour atteindre un point bas mensuel à 78 000 dollars.
En référence, Bitcoin (BTC) a chuté de 17 % sur le mois, tandis qu’Ethereum (ETH) a perdu 32 %, confirmant un marché sous tension.

Parmi les meilleures performances du mois, Story Protocol (IP) s’est envolé de +450 %, porté par l’engouement autour de sa blockchain dédiée à la gestion de la propriété intellectuelle. Le jour du lancement du token IP de Story Protocol, notre équipe vous avait proposé une présentation complète du protocole, que vous pouvez retrouver ici :
Les autres performances notables sont à trouver du côté de Maker DAO, avec un token MKR qui imprime 49,9 % de hausse, tandis que le token OM de la blockchain Mantra continue une ascension parabolique depuis plusieurs semaines (+40,7 %). Le rebranding de Fantom en Sonic a permis au cours du S de bénéficier d’une hausse de plus de 30 % en février 2025. De même, notre équipe vous avait proposé une analyse sur la renaissance de Fantom en Sonic :
À l’opposé, plusieurs actifs ont subi des corrections marquées. Raydium (RAY) a perdu 68,42 %, une chute alimentée par les lancements des memecoins TRUMP, MELANIA et LIBRA qui ont asséché les volumes de trading sur les DEX de Solana, anéanti la majeure partie des tokens de l’écosystème (memecoins et agents IA) et révélé des problématiques liées aux insiders des équipes de Jupiter, Meteora et Pumpfun.
Dans la même veine, le memecoin de Trump (TRUMP) a vu son prix divisé par deux (-52,85 %), après un essoufflement de l’euphorie initiale, tandis que le cours du Solana (SOL) a subi de plein fouets les déboires cités plus haut (-42 %). En dernier lieu, le cours du MNT de Mantle (directement affilié à ByBit) a reculé de 42 % suite au hack majeur de la plateforme.
Contexte macroéconomique
Le mois de février a été marqué par une avalanche d’informations macroéconomiques, influençant aussi bien les marchés traditionnels que le Bitcoin. Si l’on devait résumer l’ensemble de ces mouvements à un seul facteur, ce serait sans aucun doute : Donald Trump.
Note : Cette section vous est proposée par l’équipe de infoeco, un média d’actualités spécialisés sur l’économie et les marchés financiers traditionnels.
Les “tarrifs” secouent les marché financiers
Depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche en janvier, la corrélation sur un mois entre le Bitcoin et le S&P 500 s’est littéralement effondrée. Elle reste légèrement positive, mais se rapproche du zéro.
De manière assez ironique, Donald Trump était attendu comme un président pro-business et pro-crypto. Pourtant, les premières décisions économiques du président des États-Unis ont surpris et bousculé les attentes : les nouveaux tarifs douaniers imposés au Canada, au Mexique et à la Chine ont secoué Wall Street, entraînant une correction massive du marché. Selon Bloomberg, la capitalisation boursière du S&P 500 a fondu de 3 600 milliards de dollars depuis son sommet.
Les valeurs technologiques, en particulier celles portées par la frénésie autour de l’intelligence artificielle, ont particulièrement souffert. NVIDIA a chuté de plus de 20 %, et Tesla de plus de 40 %. Une volatilité qui rappelle étrangement celle du marché crypto, mais à une échelle bien plus massive.
L’effet domino a également touché le BTC. Malgré la baisse de corrélation, les perturbations des marchés actions ont eu un impact indirect sur le roi des cryptos, qui reste sensible aux grandes tendances macroéconomiques.
La géopolitique et l’Ukraine, sources de tensions
Autre sujet brûlant du mois : la guerre en Ukraine. Un possible accord de paix orchestré par Donald Trump, basé sur un contrat sur les minerais proposé à Zelensky, a eu un effet immédiat sur les marchés européens de la défense.
Concrètement, le plan proposé par Trump a agi comme un électrochoc : Washington ne sera plus le garant de la sécurité européenne. Ainsi, l’Union européenne doit faire place à l’indépendance, et cela commence par une armée solide. Face à ce constat, ce sont des centaines de milliards d’euros d’investissements dans l’armement qui ont été annoncé, faisant exploser les actions du secteur de la défense.
Cela étant dit, les événements en Ukraine ne semblent pas avoir eu beaucoup d’impact sur le marché crypto. Le BTC a bien plus réagi face aux taxes de douanes ou aux annonces de réserve stratégique américaine qu’après les annonces concernant la guerre en Ukraine. Sans surprise, le Bitcoin reste avant tout influencé par les décisions américaines plutôt que par celles de l’Europe.
Donald Trump, le nouveau chef d’orchestre du marché
Ce début de mandat confirme une chose : c’est Donald Trump qui dicte le tempo et il continuera probablement à le faire pendant les quatre prochaines années. Le problème est que son tempérament est imprévisible et qu’il est capable de changer d’avis plusieurs fois par jour, ce qui rend difficile les projections à court ou moyen terme.
Cette instabilité inquiète les investisseurs, qui cherchent à se détourner du marché actions américain pour se réfugier vers des actifs plus défensifs, comme la dette américaine. Mais si la volatilité et l’incertitude poussent certains à fuir le dollar, le Bitcoin pourrait en sortir gagnant. En cas de perte de confiance dans la monnaie américaine, il pourrait devenir un candidat sérieux pour une diversification de portefeuille.
Mais la vraie menace pourrait être ailleurs : l’inflation. Car qui dit tarifs douaniers, dit hausse des prix pour les consommateurs. Et c’est précisément ce qui inquiète aujourd’hui les économistes : un retour de l’inflation aux États-Unis.
L’instabilité politique, la remontée des tensions commerciales et les craintes inflationnistes : voilà les ingrédients d’un cocktail explosif qui façonnera les marchés – et Bitcoin – dans les mois à venir.
Un sondage intéressant
Selon The Kobeissi Letter, le climat macroéconomique s’est durci pour les actifs risqués :
- 42 % des investisseurs considèrent que les tensions commerciales mondiales sont la principale menace pour les marchés en 2025, contre 30 % en janvier.
- Seulement 3 % des répondants estiment que le Bitcoin est un bon hedge contre une guerre commerciale, contre 12 % pour le dollar et 55 % pour l’or.
- L’indice de panique de Goldman Sachs est passé de 1,4 en décembre à près de 10 en février, reflétant une augmentation significative de la volatilité attendue.
Les principaux événements de février 2025
Le crash du token LIBRA secoue Solana
L’un des événements marquants de février a été le lancement (et l’effondrement) brutal du memecoin LIBRA. Déployé sur Solana avec le soutien initial du président argentin Javier Milei et présenté comme un actif censé financer le développement économique de l’Argentine, il a rapidement attiré l’attention des spéculateurs avant de s’effondrer, moins de 24 heures plus tard.
Dès son lancement, le token a atteint une valorisation de 4,6 milliards de dollars en FDV en 30 minutes, porté par une forte spéculation et un soutien politique concret. Mais la dynamique s’est inversée lorsque Milei a retiré son soutien, qualifiant le projet de malentendu.
Le prix du LIBRA a alors chuté de 96 % en une journée. L’analyse on-chain a révélé que huit wallets appartenant à l’équipe de développement avaient retiré 99 millions de dollars de liquidité, et que douze autres wallets d’insiders avaient utilisé des bots pour acheter immédiatement après le tweet de Milei, avant de vendre au sommet.
L’impact sur Solana a été significatif :
- Le SOL a perdu 20 % dans la semaine, chutant de 205 dollars à 161 dollars.
- Le volume de transactions sur les DEX Solana a chuté de 50 %, passant de 36 milliards à 13 milliards de dollars.
- Les revenus des protocoles ont été fortement impactés : Jito -70 %, Raydium -72 %.
L’affaire LIBRA a surtout été l’évènement de trop pour les investisseurs, qui ont exprimé leur ras-le-bol face à l’état actuel de l’écosystème (en particulier sur Solana). Pire, ils ont déploré la participation active de certaines équipes (Meteora et Jupiter) dans la coordination de ces évènement qui n’ont pour unique but que de siphonner les liquidités des utilisateurs et enrichir des insiders.
À noter que ce krach survient alors que 2,3 milliards de dollars de SOL sont programmés pour être débloqués d’ici avril, ajoutant une pression supplémentaire sur le prix.
Un hack à 1,5 milliard de dollars sur Bybit
Le 21 février, l’exchange Bybit a subi le plus grand hack de l’histoire des cryptomonnaies, avec 1,5 milliard de dollars volés en ETH. L’attaque a été attribuée au groupe Lazarus, ds hackers nord-coréens déjà impliqués dans plusieurs attaques d’envergure.
Le hack a été rendu possible par une faille dans une plateforme tierce de gestion de portefeuilles (Safe, utilisée par Bybit pour stocker des cryptos), qui a permis aux hackers de compromettre certains wallets et de siphonner 400 000 ETH sans être détectés immédiatement.
Bybit a réagi en tentant de contenir la crise :
- 246 994 ETH (742 millions de dollars) ont été rachetés pour reconstituer les réserves.
- Les retraits ont été maintenus, évitant un bank run total.
- Les hackers ont blanchi environ 100 % des fonds volés, utilisant des protocoles DeFi et des services de mixing.
Nouveautés réglementaires aux États-Unis
Alors que le marché des cryptomonnaies traverse une période de forte volatilité, la SEC a amorcé un changement de stratégie en février 2025, marquant une rupture avec son approche précédente.
- 27 février : La SEC abandonne sa plainte contre Coinbase et met fin à l’enquête sur Robinhood sans engager de poursuites.
- Création d’une Crypto Task Force, dirigée par Hester Peirce, visant à établir des règles plus claires pour le secteur, en rupture avec la logique de "régulation par la répression" adoptée jusqu’alors.
- Le 5 février, la FDIC (Federal Deposit Insurance Corporation) a publié 175 documents sur l’activité des banques liées aux cryptos et annoncé qu’elle allait "réévaluer activement [sa] supervision", ouvrant potentiellement la porte à une intégration plus poussée des cryptos dans le système bancaire.
Au-delà des États-Unis, d’autres régulateurs ont également pris des mesures favorables aux cryptos :
- Luxembourg a adopté une loi alignant sa réglementation sur MiCA, tout en intégrant des mesures anti-blanchiment renforcées.
- Hong Kong a confirmé que le Bitcoin et l’Ether seront pris en compte dans le test d’actifs pour l’obtention d’un visa investissement, permettant aux détenteurs de cryptos de remplir le critère des 30 millions de HKD de patrimoine requis.
Les ETF Bitcoin spot
Le mois de février a été marqué par un désengagement massif des investisseurs institutionnels sur les ETF Bitcoin spot, avec des sorties nettes totalisant 3,55 milliards de dollars. Cette tendance s’est particulièrement intensifiée dans la seconde moitié du mois, reflétant un sentiment de réduction du risque et une possible reallocation de capital vers d’autres classes d’actifs.

Les ETF Bitcoin spot ont enregistré des retraits constants tout au long du mois, mais la tendance s’est accélérée à partir du 24 février, avec une série de ventes massives :
- 24 février : -539 millions de dollars,
- 25 février : -1,14 milliard de dollars, plus forte sortie du mois,
- 26 février : -754,6 millions de dollars,
- 27 février : -275,9 millions de dollars.
Dans ce contexte, le FBTC (-1,23 milliard de dollars) a été le plus impacté, suivi par le IBIT (-775,8 millions de dollars) et le GBTC (-404,3 millions de dollars). Ces sorties traduisent une recomposition des portefeuilles institutionnels, potentiellement liée aux tensions macroéconomiques et à la volatilité accrue du marché.
Malgré quelques journées dans le positif (le 4 février avec 340,7 millions de dollars d’entrées et le 28 février avec 93,7 millions de dollars d’entrées), ces apports restent insuffisants pour inverser la tendance de fond. L’affaiblissement de la demande pour les ETF Bitcoin spot soulève des interrogations sur l’évolution du positionnement institutionnel sur cet actif dans les mois à venir.
Les ETF Ethereum spot

Contrairement aux ETF Bitcoin, les ETF Ethereum spot ont clôturé le mois avec un solde net positif de 60 millions de dollars, malgré une forte volatilité des flux au fil des semaines. L’attrait pour Ethereum a été particulièrement fort en début de mois, avec des entrées nettes significatives :
- 4 février : +307,8 millions de dollars, dont ETHA (+276,2 millions de dollars).
- 3 février : +83,6 millions de dollars, menées par FETH (+49,7 millions de dollars) et ETHE (+15,9 millions de dollars).
Ces flux ont témoigné d’un appétit modéré mais stable pour les ETF Ethereum, contrastant avec la sortie de capitaux des ETF Bitcoin.
À partir du 24 février, le marché a connu une forte vague de retraits sur les ETF Ethereum, bien que dans des proportions moindres que pour Bitcoin :
- 24 février : -78 millions de dollars, affectant ETHA et ETHE.
- 26 février : -50,1 millions de dollars, avec des retraits notables de ETHA (-69,8 millions de dollars) et FETH (-18,4 millions de dollars).
- 27-28 février : sorties combinées de -113,1 millions de dollars.
Malgré cette tendance baissière, FETH a réussi à maintenir un solde net positif de +72,8 millions de dollars. Néanmoins, même si les ETF Ethereum spot ont mieux résisté, la dégradation des flux en fin de mois suggère que les ventes devraient s’accentuer dans les semaines à venir.
Les lancements majeurs en février 2025
La layer 2 Unichain de Uniswap
Le 11 février, Uniswap Labs a lancé Unichain, une blockchain de layer 2 d’Ethereum développée avec l’OP Stack d’Optimism. Ce réseau promet des frais réduits de 95 % par rapport à Ethereum et une interopérabilité avancée avec d’autres rollups. Dès son lancement, plus de 100 applications et protocoles étaient prêts à être déployés, dont Uniswap v4, Circle, Coinbase et Lido.
La structure de Unichain vise à capturer une partie des frais générés pour les redistribuer à l’écosystème Uniswap, un modèle économique qui pourrait renforcer la valeur du token UNI. Toutefois, des interrogations ont émergé dans la communauté sur la nécessité d’un nouveau layer 2, alors que de nombreuses alternatives existent déjà. Reste à voir si Uniswap parviendra à attirer suffisamment de liquidité sur son propre réseau.
La tokénisation d’IP par Story Protocol
Le 13 février, Story Protocol a officiellement lancé Homer, son propre réseau de layer 1 dédié à la gestion des droits de propriété intellectuelle. Son ambition est de permettre aux créateurs d’enregistrer, monétiser et protéger leurs œuvres sur la blockchain via des licences et des smart contracts.
Le projet cible particulièrement le secteur des créateurs numériques et de l’intelligence artificielle, offrant des solutions pour suivre et rémunérer l’utilisation des contenus. Son token natif, $IP, a connu une forte demande dès son introduction sur les marchés, porté par l’intérêt croissant pour l’intégration de la blockchain dans l’économie créative. Cependant, des incertitudes demeurent quant à la reconnaissance juridique de ces enregistrements dans les systèmes traditionnels.
→ Pour approfondir sur Story Protocol, voici notre présentation complète :
Berachain : un Layer 1 basé sur la liquidité
Le 6 février, Berachain a lancé son mainnet avec un airdrop massif de 632 millions en tokens BERA. La particularité de Berachain repose sur un mécanisme de Proof-of-Liquidity, un consensus qui a pour ambition d’aligner les intérêts des validateurs, des projets de finance décentralisée et des fournisseurs de liquidités, en permettant une répartition plus équitable des récompenses entre ces différents acteurs.
Dès ses premières semaines, la TVL de Berachain a dépassé 3 milliards de dollars, attirant les investisseurs en quête de rendements élevés. Ce modèle de sécurisation du réseau par la liquidité a été bien accueilli, bien que son succès à long terme dépende de sa capacité à fidéliser les utilisateurs et à éviter un exode des capitaux lorsque les rendements diminueront.
→ Pour approfondir sur Berachain, voici notre présentation complète :
Kaito : un token pour la recherche Web3
Le 20 février, le projet Kaito, spécialisé dans l’analyse des tendances crypto via l’intelligence artificielle, a lancé son token KAITO sur Base (Coinbase). Distribué via un airdrop ciblant les influenceurs et contributeurs actifs, le token a rapidement atteint un volume d’échange d’1 milliard de dollars en une semaine.
L’enthousiasme autour des projets alliant IA et blockchain a renforcé l’intérêt pour Kaito, mais la distribution à des figures influentes a soulevé des critiques, notamment sur la vente rapide des tokens airdropés. À moyen terme, le projet devra prouver son utilité au sein de l’écosystème Web3 pour maintenir la traction observée lors du lancement.