Bitcoin (BTC) : Rapport de marché de l’année 2024
6 janvier 2025

Dans cet article
L’année 2024 s’est terminée sur une note extrêmement positive, avec un Bitcoin (BTC) atteignant des records de prix historiques et une adoption grandissante des cryptomonnaies. Dans ce rapport, nous vous proposons de revenir sur l’année 2024 de Bitcoin, par le prisme de l’analyse financière, du secteur du minage, des ETF Bitcoin spot et des innovations telles que les Ordinals et les Runes, avant de se projeter sur l’année 2025.
Avant propos : Cet article est en partie issu de notre rapport de fin d’année 2024 sur le marché des cryptomonnaies. Nous vous invitons à le consulter gratuitement ou à l’obtenir en version physique pour soutenir notre travail.
Revue financière de Bitcoin en 2024
Au cours de l’année 2024, le Bitcoin a une nouvelle fois confirmé son statut de métronome du marché des cryptomonnaies, tant en termes de prix que d’adoption mondiale. Le cours du BTC a démarré l’année aux alentours de 42 200 dollars sur une note particulièrement optimiste, après une performance de plus de 150 % en 2023.
Nous attendions de 2024 des catalyseurs susceptibles de propulser le marché vers de nouveaux sommets et de confirmer que Bitcoin allait passer à l’échelle supérieure dans le statut et le rôle qui lui est prêté. Cette attente a été comblée dès le 10 janvier, lorsque les 11 ETF Bitcoin spot ont été approuvés par la Securities and Exchange Commission (SEC).
Ces nouveaux produits d’investissement ont connu un succès immédiat, au point de devenir les meilleurs démarrages pour un ETF dans l’histoire de BlackRock et Fidelity. Avec des entrées records de plusieurs milliards de dollars par semaine, ils ont propulsé Bitcoin vers de nouveaux sommets historiques. Le 11 mars, le cours du BTC a dépassé l’ancien ATH datant de novembre 2021 pour marquer un nouveau record le 14 mars, à 73 700 dollars.
L’année 2024 a également été marquée par un événement emblématique et particulièrement attendu : le halving, survenu le 20 avril. Pour la quatrième fois de son histoire, le Bitcoin a procédé avec succès à la division par deux des récompenses de base distribuées aux mineurs, passant cette fois-ci de 6,25 BTC à 3,125 BTC par bloc. Puisqu’une bonne nouvelle ne vient jamais seule, le 6 mai, le réseau Bitcoin a franchi une étape majeure avec l’enregistrement de la milliardième transaction, après 15 ans et 4 mois d’existence.
Néanmoins, l’arrivée des ETF Bitcoin spot a créé une anomalie inattendue sur le marché. Pour la première fois de son histoire, le prix du BTC a atteint un nouvel ATH avant le halving, au lieu de quelques mois plus tard lors des précédents cycles. Ce dérèglement de la temporalité a forcé le Bitcoin à latéraliser entre 70 000 dollars et un plus bas local autour de 49 000 dollars, marqué le 8 août, durant plusieurs mois.

À l’issue de cette période, une première incertitude macroéconomique s’est levée. La Réserve Fédérale américaine s’est dite prête à baisser ses taux directeurs, un revirement de politique monétaire signalant un potentiel retour des liquidités sur les marchés à risque. Finalement, le 5 novembre 2024, l’annonce de l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis a levé le dernier voile permettant au Bitcoin de partir vers de nouveaux sommets.
Le mois de novembre aura permis au Bitcoin de s’extraire de 70 000 dollars pour atteindre de nouveaux records de prix, au-dessus de 90 000 dollars. Le 5 décembre 2024, comme s’il nous fallait une preuve supplémentaire, le Bitcoin confirme que l’année 2024 est bel et bien un grand cru en franchissant la barrière symbolique des 100 000 dollars, un peu plus de 7 ans après avoir dépassé les 10 000 dollars. Finalement, le Bitcoin a marqué un nouveau record historique aux alentours de 108 000 dollars, avant de terminer l’année à 93 500 dollars, soit une hausse de 121 %.
Revue du minage de Bitcoin en 2024
Le 4e halving
Le quatrième halving de Bitcoin a eu lieu dans la nuit du 19 au 20 avril 2024, marquant une nouvelle étape majeure dans l’histoire du réseau. Cet évènement est survenu au 840 000e bloc et a entraîné la réduction de la récompense distribuée aux mineurs de 6,25 BTC à 3,125 BTC par bloc miné.

Dans la bataille entre les différentes pools de minage, c’est ViaBTC (avec environ 15 % du hashrate mondial à ce moment) qui a obtenu le privilège de miner le premier bloc post-halving. Celui-ci s’accompagnait d’une récompense record de 40,75 BTC, dont 37,62 BTC uniquement en frais de transaction. En effet, de nombreux utilisateurs ont volontairement payé des frais astronomiques de plusieurs dizaines voire centaines de milliers de dollars, dans l’unique but d’être inclus à tout jamais dans ce bloc historique.
Par ailleurs, avec la montée en popularité du protocole Ordinals - que nous aborderons dans la suite de ce rapport - le premier bloc après le halving a pris une nouvelle dimension. Puisque chaque satoshi (sats) est désormais numéroté, ceux extraits dans ce bloc sont désormais considérés comme des objets de collection, de véritables reliques numériques dont certaines ont déjà été échangées pour plusieurs millions de dollars.
Historiquement, les halving ont toujours joué un rôle déterminant dans les cycles du marché des cryptomonnaies, marquant le début des phases haussières. Cette tendance s’est confirmée en 2024, puisque le cours du Bitcoin a enregistré une performance de 50 %, passant de 63 800 dollars au moment du halving à 96 000 en ce début janvier 2025. Pour votre information, le prochain halving est prévu en 2028, au 1 050 000ᵉ bloc, et il divisera à nouveau les récompenses des mineurs par 2, les réduisant à 1,5625 BTC par bloc. Au moment de l’écriture de ces lignes, il ne reste que 1,091,900 BTC à miner, soit 5,2% de la supply totale.
Le hashrate
L’année 2024 a logiquement été une année charnière pour les mineurs de Bitcoin, dont la capacité d’adaptation et la résilience ont été mises à l’épreuve. Avec le quatrième halving survenu en avril, la division des récompenses de minage par deux a forcé les acteurs à adapter leurs stratégies dans un secteur hautement compétitif.

Tout d’abord, au premier trimestre 2024, le hashrate de Bitcoin a grimpé de 19 % avant d’établir un record historique à 650 EH/s, témoignant de la volonté des mineurs de maximiser leurs rendements avant la réduction des récompenses. Puis, au cours des premières semaines suivant le halving, le hashrate global du réseau Bitcoin a chuté d’environ 9,6 %, passant de 640 EH/s en avril à environ 580 EH/s au début du mois de mai. Malgré un prix “élevé” du BTC, autour de 63 000 dollars, les mineurs les moins bien équipés ont été dans l’obligation de débrancher leurs machines, une capitulation logique et attendue.
Malgré cette baisse temporaire, avec un minimum atteint de 556 EH/s en juin, le hashrate du réseau a rapidement rebondi, démontrant une résilience remarquable. Un nouveau record a été inscrit à la fin du mois de novembre, vers 780 EH/s.
Le mining
En prévision du halving, les acteurs majeurs du mining se sont préparés en accélérant leurs investissements dans le but de maximiser leur efficacité opérationnelle. En 2024, l’industrie du minage a levé 1,8 milliard de dollars, dont 75 % ont été captés par les trois plus grandes entreprises cotées en bourse : Marathon Digital Holdings, CleanSpark, et Riot Platforms.
Ces capitaux fraîchement levés ont permis d’acquérir de nouvelles machines ASICs de dernière génération, jusqu’à deux fois plus puissantes que les précédentes versions. Celles-ci ont été proposées sur le marché peu avant le halving par Bitmain et MicroBT, les principaux fournisseurs de machines de minage, à des prix particulièrement attractifs. Par ailleurs, les géants de l’industrie ont développé de nouvelles infrastructures et modernisé leurs fermes de minage actuelles. Enfin, ils ont également consolidé leurs positions sur le marché grâce à l’acquisition de plus petits acteurs.
En 2025, l’industrie du minage de Bitcoin devrait poursuivre son évolution dans la continuité des changements observés au cours des derniers mois. Effectivement, de nombreux mineurs ont commencé à exploiter leurs infrastructures pour répondre au besoin grandissant des applications d’intelligence artificielle en puissance de calcul.
Ce nouveau modèle offre une nouvelle voie de revenus complémentaires pour les acteurs de l’industrie. D’après les estimations de Matthew Sigel, responsable de la recherche sur les actifs numériques chez VanEck, publiées dans un rapport datant du 16 août, les revenus estimés sont de 2 à 3 dollars par KWh grâce aux applications de l’IA, contre 0,15 à 0,20 dollar grâce au minage de Bitcoin.
Voici quelques exemples :
- Core Scientific a sécurisé des contrats énergétiques dédiés au secteur de l’IA, propulsant le cours de son action en bourse de 200 % en quelques semaines.
- Hive Digital Technologies s’est diversifié dans le secteur HPC (high-performance computing), générant 2,6 millions de dollars de ventes avec un taux d’utilisation supérieur à 80 %.
- Hut 8 a levé 150 millions de dollars pour doubler sa capacité énergétique et cibler spécifiquement des applications liées à l’IA.
- Enfin, d’autres acteurs comme Bitdeer et Iris Energy, avec une capacité énergétique combinée de 2 500 mW, pourraient tirer parti de cette diversification.
Le Bitcoin reste la priorité
Malgré ces diversifications dans le secteur de l’IA - certes aussi prometteur et aux rendements théoriquement plus importants - le minage de Bitcoin demeure au cœur des opérations. La demande pour le minage est constante, indépendamment des fluctuations du prix du BTC. Les mineurs qui réussissent à équilibrer leur activité principale avec des stratégies innovantes, comme l’intégration de l’IA, seront probablement les grands gagnants des années à venir.
Il est également important de noter la volonté des mineurs de devenir encore plus exposés au Bitcoin. À titre d’exemple, RIOT a intégré le Bitcoin à sa trésorerie, à l’image de Microstrategy avec une acquisition de 500 millions de dollars de BTC au mois de décembre. Ce constat illustre de manière significative le changement d’état d’esprit général, sachant qu’un mineur de Bitcoin tire ses revenus de la vente de BTC, et non de leur achat.
Revue des ETF Bitcoin spot
Parmi les principaux termes qui pourraient résumer l’année 2024 pour Bitcoin, celui-ci se place facilement dans le haut du classement : l’institutionnalisation. L’introduction des ETF Bitcoin spot en janvier 2024 a marqué un véritable tournant pour l’adoption du Bitcoin aux États-Unis, en offrant aux acteurs institutionnels un produit d’investissement régulé pour détenir le premier actif numérique du marché.
Cette décision a attiré des afflux de capitaux sans précédent. Alors que les produits régulés sur Bitcoin pesaient 28 milliards de dollars en janvier (en raison du Grayscale Bitcoin Trust, converti depuis en ETF spot), ils représentent désormais un peu plus de 107 milliards de dollars en décembre. La quantité de BTC sous gestion est passée de 620 000 à plus de 1,12 million, soit 5,6 % de la quantité totale en circulation.

Toutefois, ce tournant pour l’adoption de Bitcoin s’est également fait sentir dans la perception des acteurs majeurs de la finance traditionnelle vis-à-vis de cet actif. Pour l’illustrer, le meilleur exemple est probablement celui de Larry Fink, PDG de BlackRock. Après avoir comparé pendant des années le Bitcoin à une monnaie de singe, tout juste bonne à blanchir de l'argent, Larry Fink a finalement avoué s’être trompé :
« Comme vous le savez, j'ai été sceptique et fier de l'être [...] J'ai fait des recherches sur le sujet [...] J'en suis venu à la conclusion que cette opinion était dépassée. Le Bitcoin peut avoir un intérêt légitime en tant qu'instrument financier. »
En 2024, de grandes institutions financières américaines, des entreprises et même des fonds de pension ou de retraite ont annoncé intégrer du BTC dans leurs trésoreries. À titre d’exemple, Goldman Sachs détient désormais plus de 1 milliard de dollars dans divers ETF Bitcoin spot, tandis que Morgan Stanley aurait investi quasiment 200 millions de dollars. À noter que lors de la dernière vague de dépôts réglementaires (13F), de nombreux poids lourds financiers, dont JP Morgan Chase, la Banque du Canada, HSBC, Bank of America, UBS Group et le fonds de retraite de l’État du Michigan, ont révélé des investissements en Bitcoin.
Au-delà des banques, de nombreuses entreprises ont intégré Bitcoin dans leurs opérations et leur trésorerie. Les pionniers sont évidemment MicroStrategy et son PDG Michael Saylor, avec des investissements massifs tout au long de 2024, avec un total dépassant les 439 000 BTC. Cette stratégie a été suivie par des dizaines de sociétés aux États-Unis et à travers le monde depuis le mois de novembre, créant ou renforçant leurs positions sur Bitcoin.
En tout cas, si les investisseurs en cryptomonnaies ont tendance à être optimistes sur l’avenir du Bitcoin, c’est également le cas des institutionnels. Bernstein Research anticipe un prix du Bitcoin atteignant 200 000 dollars d’ici la fin de 2025. Cathie Wood, PDG d’ARK Invest, maintient quant à elle une prévision à long terme audacieuse, avec un Bitcoin à 1 million de dollars d’ici 2030. Enfin, Standard Chartered estime que la capitalisation totale du marché des cryptomonnaies pourrait atteindre 10 trillions de dollars d’ici 2026, notamment grâce à l’administration Trump.

La dernière pièce de ce puzzle pouvait encore sembler envisageable au début de l’année 2024, mais les récents événements nous poussent à croire qu’elle pourrait être posée en 2025 : l’adoption de Bitcoin par les pays.
Revue des Ordinals, Runes et BRC-20
Quelques rappels
En début d’année 2023, une nouveauté est venue bouleverser l’écosystème Bitcoin : Ordinals. Développé par Casey Rodarmor, ancien développeur de Bitcoin Core, Ordinals est un protocole permettant d’inscrire de manière permanente et immuable des données sur la blockchain Bitcoin en les associant à des satoshis, la plus petite unité de bitcoin.
En réalité, Casey Rodarmor est parti de l’idée d’introduire un système de numérotation des satoshis. En sachant que l’émission de bitcoins suit le modèle “premier entré, premier sorti”, la numérotation des satoshis suit donc l’ordre naturel, d’où le nom “ordinal”. Ainsi, il s’est amusé à construire des systèmes de rareté en fonction de la provenance des satoshis. Par exemple, le premier satoshi d’un nouveau bloc miné est plus rare qu’un simple satoshi, mais est moins rare que le premier satoshi du premier bloc miné après un ajustement de la difficulté de minage, ou après un halving.
Néanmoins, ce n’est pas ce système de numérotation qui a séduit les investisseurs, mais plutôt le mécanisme d’inscription. Effectivement, cela a engendré la possibilité de construire des NFT sur Bitcoin et des tokens fongibles (baptisés BRC20), sur lesquels il était possible de spéculer. Rapidement, les inscriptions ont envahi la blockchain Bitcoin jusqu'à dépasser les 50 millions d’unités à la fin de l'année 2023.
En 2024, Casey Rodarmor a annoncé l’introduction d’un nouveau protocole, beaucoup plus efficace que les Ordinals, destiné à la création de tokens fongibles. Baptisé “Runes”, celui-ci a été lancé officiellement le jour du halving de Bitcoin, expliquant en partie la hausse significative des frais de transaction à cette date.
Un impact sur les fees
Néanmoins, à mesure que l’année a avancé, l’engouement initial s’est estompé et l’activité a drastiquement chuté, laissant place à des interrogations sur l’impact de ces technologies. Les Ordinals et les Runes, en consommant une part importante de l’espace des blocs, ont augmenté la congestion du réseau Bitcoin et réduit son efficacité pour les transactions classiques. Par exemple, après le lancement des Runes en avril 2024, ces derniers ont dominé l’activité quotidienne sur le réseau, atteignant plus d’un million de transactions par jour. Cette dynamique s’est rapidement inversée puisque dès juillet, Bitcoin représentait environ 90 % de l’activité du réseau, tandis que les Ordinals, les BRC-20 et les Runes se partageaient les 10 % restants.
D’un autre côté, les Ordinals et les Runes ont généré respectivement plus de 6 900 BTC de frais au total, soit environ 670 millions de dollars, et dépenser 2 700 BTC, soit approximativement 250 millions de dollars, en seulement 7 mois. Ces montants représentent près d’un milliard de dollars au total, qui ont directement bénéficié aux mineurs, contribuant de manière significative à leurs revenus, en particulier après le halving.
Bien que les Ordinals, les BRC-20 et les Runes aient été critiqués par la communauté des bitcoiners pour leur impact sur la congestion du réseau et leur côté “inutile et spéculatif”, ils ont également démontré le potentiel d’innovation de la blockchain Bitcoin. Par ailleurs, ils ont offert une source de revenu supplémentaire aux mineurs, dans un contexte où le halving était source d’inquiétude.

Depuis le rallye haussier de fin d’année de Bitcoin, l’activité on-chain s’est quelque peu relancée. L’année 2024 a été mitigée pour l’ensemble des secteurs, notamment entre mars et octobre, et certains observateurs s’attendent à ce que les Ordinals et les Runes retrouvent des couleurs au début de l’année 2025, soutenus par des investissements massifs de la part des mineurs, notamment en Asie.
Bitcoin en 2025, un actif stratégique pour les États ?
À l’horizon 2025, le Bitcoin pourrait prendre une place de plus en plus stratégique sur la scène mondiale, notamment si les États-Unis avancent dans cette direction. L’éventualité d’une adoption de Bitcoin par la première puissance mondiale, notamment par la constitution d’une réserve stratégique, pourrait redéfinir son statut à l’échelle mondiale.
Certes, quelques pays ont déjà adopté le Bitcoin. Le premier d’entre eux, le Salvador, a mis en place une stratégie d’achat quotidien permettant d’accumuler plus de 6 000 BTC, avec un bénéfice non réalisé de plus de 300 millions de dollars au 13 décembre 2024. Néanmoins, sans vouloir minimiser l’ampleur de leur acte (dont il faut au contraire saluer la primauté et le courage), celui-ci n’aura pas eu d’impact sur le reste des pays du monde. Ce constat est également valable pour le royaume du Bhoutan, qui est le quatrième plus grand détenteur de Bitcoin du monde avec 11 791 BTC, d’une valeur d’environ 1,16 milliard de dollars qu’ils ont obtenu grâce au minage dans leur pays.
En revanche, si les États-Unis venaient à réellement considérer Bitcoin, imaginez à quel point les choses pourraient passer à un tout autre niveau. Depuis l’élection de Donald Trump, les espoirs sont permis. Au niveau local, l’État de Pennsylvanie a proposé de permettre à son trésor public de détenir du Bitcoin. Ce projet pourrait ouvrir la voie à d’autres États du pays, qui suivraient cet exemple pour diversifier leurs réserves et adopter Bitcoin comme un actif stratégique.
Mais le véritable changement pourrait se faire à l’échelle nationale avec la proposition phare, le Bitcoin Act. Ce projet de loi, soutenu par la sénatrice américaine Cynthia Lummis, vise à constituer une réserve stratégique nationale en Bitcoin. De la même manière qu’il existe une réserve en or, le but est d’accumuler jusqu’à 5 % de l’offre totale de BTC, soit 1 million d’unités environ.
Une telle initiative pourrait propulser définitivement Bitcoin au rang de l’or, lui qui a longtemps été comparé à son homonyme numérique. D’ailleurs, certains fervents défenseurs du Bitcoin, notamment Michael Saylor, souhaitent se débarrasser de l’or pour acheter encore plus de Bitcoin.
Alors, quel pourrait-être l’impact d’une telle décision de la part des États-Unis ? Un effet domino, tout simplement. Il suffit de voir à quelle vitesse certains pays ont réagi : Anton Tkachev, un député de la Douma d’État a récemment proposé la création d’une réserve stratégique de Bitcoins (BTC) en Russie. Vladimir Poutine a lui-même fait plusieurs déclarations positives à ce sujet : “Qui peut interdire Bitcoin ? Personne ! Et qui peut interdire l’utilisation de telles méthodes de paiements numériques [décentralisées] ? Personne.”.
Aussi, selon la députée allemande Joana Cotar, si les États-Unis venaient à instaurer une réserve stratégique de Bitcoin, cela risquerait de créer un FOMO chez les nations européennes. Si tel était le cas, on peut facilement imaginer que des pays européens décident de suivre l’exemple des États-Unis en intégrant le Bitcoin dans leurs réserves nationales pour renforcer leur position économique. Cette évolution pourrait transformer le Bitcoin en un véritable actif géopolitique, utilisé non seulement comme moyen d’échange ou d’investissement, mais également comme une réserve stratégique ou un outil d’échange libre dans les relations internationales.
Il est cependant important de noter que les États-Unis pourraient se confronter à un autre obstacle : celui de l’argent à investir. En effet, dans la proposition de Cynthia Lummis, ce sont les excédents de la trésorerie de la FED qui devraient être investis. Or, la FED accuse actuellement un déficit.
Une fois que la FED commencera à générer des profits, ces derniers serviront à combler le déficit accumulé depuis 2022. Ainsi, la création de la réserve stratégique en Bitcoin pourrait s’avérer plus compliquée que prévue. Une solution reste donc : convertir une partie des réserves d’or du pays en Bitcoin, une éventualité peu probable.
La question se pose donc pour les autres États dans le monde : devraient-ils attendre que les États-Unis commencent à accumuler du Bitcoin ou alors essayer de prendre de l’avance afin de bénéficier de la hausse que le Bitcoin pourrait connaître en cas d’annonce majeure côté américain ? Évidemment, 2025 devrait nous offrir une première réponse à cette question.