Polygon (POL) : Rapport d'activité S1 2025

5 août 2025

Polygon (POL) : Rapport d'activité S1 2025

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Ce contenu a été rédigé dans le cadre d'une collaboration commerciale. Bien que l'équipe de OAK Research ait réalisé une évaluation préalable du projet présenté, nous déclinons toute responsabilité en cas de pertes ou dommages résultant de décisions fondées sur cet article. Les cryptomonnaies comportent des risques élevés, ce contenu est fourni à titre informatif et ne constitue pas un conseil en investissement.

Dans ce rapport d'activité de Polygon (POL), nous nous penchons sur les principales métriques d'activité : la TVL, l'écosystème, l'activité des utilisateurs et la croissance des stablecoins, ainsi que les évolutions majeures et nouveautés techniques de l'écosystème.

Points clés à retenir

  • Sandeep Nailwal a pris la direction de Polygon, avec l’ambition d’insuffler une nouvelle dynamique à un écosystème souvent perçu comme en perte de vitesse.
  • Polygon présente la roadmap “Gigagas”, un plan de montée en charge technique visant à atteindre 100 000 transactions par seconde (TPS) d’ici 2026.
  • Lancement de Katana : ce nouveau layer 2, incubé par Polygon, ambitionne de devenir un hub de liquidité grâce à un bridge innovant qui optimise les rendements en s’appuyant sur Ethereum.
  • AggLayer : la solution d’interopérabilité de Polygon a bénéficié de plusieurs mises à jour majeures, élargissant sa compatibilité à d’autres stacks et renforçant l’interconnexion des réseaux.

Contexte sur Polygon

Polygon est un écosystème complet de solutions dédiées à la scalabilité d’Ethereum, permettant des transactions rapides et à faible coût. Initialement lancé sous le nom de Matic Network, le projet s’est progressivement transformé en une infrastructure multichaîne, combinant plusieurs solutions de layer 2 et des outils d’interopérabilité interchaînes.

L’objectif central du projet est de faire d’Ethereum un véritable “Internet de la valeur”, accessible à tous et capable de supporter des usages à grande échelle. Pour y parvenir, Polygon mise sur une diversité de technologies de scalabilité, tout en conservant une compatibilité native avec la machine virtuelle d’Ethereum (EVM), ce qui facilite l’intégration des développeurs et des applications décentralisées (dApps).

Aujourd’hui, l’écosystème Polygon s’articule autour de trois piliers principaux :

  • Polygon PoS, la sidechain historique, sécurisée par son propre ensemble de validateurs et le staking du token POL, mais aujourd’hui limitée par sa conception d’origine ;
  • Polygon CDK (Chain Development Kit), une boîte à outils open source permettant à des projets tiers de déployer facilement leurs propres blockchains interoperables, en s’appuyant sur un standard commun ;
  • AggLayer, un protocole d’agrégation qui synchronise les chaînes entre elles pour offrir une expérience utilisateur plus fluide, sans compromettre la souveraineté de chaque L2.

Il convient également de mentionner Polygon zkEVM, une solution L2 basée sur les preuves à connaissance nulle (ZK), qui offre une compatibilité EVM avec une finalité rapide sur Ethereum. Cependant, face au manque d’adoption, il a été annoncé que ce réseau sera progressivement arrêté.

Le token POL, successeur du MATIC, occupe une place centrale dans l’écosystème : il sert au staking sur la chaîne PoS, sécurise l’AggLayer et facilite la communication entre toutes les chaînes du réseau. Parallèlement, Polygon encourage l’engagement des développeurs et des stakers via différents programmes de récompenses et de financement en tokens POL.

En résumé, Polygon propose aujourd’hui une infrastructure multichaîne cohérente, visant à renforcer la scalabilité d’Ethereum tout en limitant la fragmentation de l’écosystème L2.

→ Retrouvez notre présentation complète de Polygon (POL) :


Performance de Polygon

TVL et écosystème

Au premier semestre 2025, la TVL de Polygon est passée d’environ 899 millions de dollars à plus de 1,06 milliard de dollars, soit une progression de 18 %. Cette hausse n’est pas négligeable, surtout lorsqu’on la met en perspective de la TVL générale de la DeFi, qui a reculé de 14 % sur la même période.

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La TVL de Polygon reste très éloignée des niveaux records de 2021, où l’écosystème pesait presque 10 milliards de dollars. Toutefois, il est important de rappeler que le nombre de layer 2 a explosé depuis. Le principal enjeu de Polygon n’est pas tant son image « vieillissante » que l’ancrage réel de son écosystème : la majorité des applications structurantes sont aujourd’hui multi‑chaines et peu d’initiatives émergent nativement sur le réseau, ce qui limite l’intérêt pour les utilisateurs.

Voici la répartition des principales TVL par protocole sur Polygon :

  • Quickswap : 398 millions de dollars
  • Aave : 313 millions de dollars
  • Spiko : 142 millions de dollars
  • Polymarket : 113 millions de dollars
  • Morpho : 89 millions de dollars

On peut également citer Uniswap (77 millions de dollars), le fonds BUIDL de BlackRock (68 millions) ou Fluid (54 millions). À l’exception de Quickswap et Polymarket, la plupart des protocoles sont également présents sur de nombreuses autres blockchains, notamment sur d’autres layer 2 d’Ethereum.

À noter que Quickswap est en grande partie responsable de la croissance de la TVL de Polygon. Le protocole est passé de 88 millions de dollars de TVL en début d’année à plus de 360 millions à la fin du semestre, soit une hausse de 300 %. Cela s’explique notamment par son positionnement en tant que liquidity hub, dans un modèle proche de celui de Fluid.

Quickswap prévoit par ailleurs un lancement sur Base.

Le cas de Polymarket est également intéressant, car l’application était parvenue à attirer une TVL de plus de 500 millions de dollars à son sommet, lors des élections américaines. Toutefois, une fois l’événement passé, le montant de stablecoins déposés est revenu à ses niveaux précédents.

Les stablecoins

Le secteur des stablecoins s’impose comme le grand gagnant de 2025, et cela se reflète clairement sur Polygon. La TVL des stablecoins est passée de 1,68 milliard de dollars à plus de 2,4 milliards au premier semestre 2025, soit une croissance de 45 %. C’est également supérieur à la moyenne du secteur sur la même période (+30 %).

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La nouvelle roadmap « Gigagas » traduit la volonté de Polygon de devenir une infrastructure facilitant les paiements et l’échange de valeur, notamment via les stablecoins.

Cette dynamique est alimentée par l’arrivée de nouveaux intégrateurs tels que Stripe ou de grandes fintech, et par la multiplication des cas d’usage réels dans les paiements et la DeFi. Polygon tire ainsi parti de sa stratégie de “utility chain”, ce qui se traduit par une croissance organique des volumes de stablecoins circulant sur le réseau.

Volume des DEX

Les volumes sur les DEXs de Polygon affichent une relative stabilité sur le semestre, oscillant autour de 890 millions de dollars en moyenne hebdomadaire (vs. 1,14 milliard au S2 2024). Ce dernier chiffre s’explique par un pic d’activité en fin d’année 2024, lié aux élections américaines et à l’engouement autour de Polymarket.

À noter que Polygon ne représente plus que 1,5 % des volumes totaux traités par Uniswap, ce qui illustre bien la situation actuelle : le réseau a perdu du terrain face à d’autres layer 2 durant le précédent bear market, et la concentration de l’activité autour de quelques écosystèmes (notamment Solana et Base) a fortement affecté Polygon.

On note toutefois que Quickswap a réussi à se positionner au deuxième rang des DEX sur Polygon en termes de volume (1,5 milliard de dollars en juin), derrière Uniswap (1,8 milliard). Le retour d’une application native, dont les développements techniques sont prometteurs, pourrait favoriser un regain d’intérêt pour Polygon.

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Activité et frais de transactions

Au cours du premier semestre 2025, Polygon a enregistré en moyenne 22,5 millions de transactions hebdomadaires, un niveau stable par rapport au second semestre 2024 (+1,3 %) mais en net recul sur douze mois glissants (-19 %). Cette stagnation de l’activité s’inscrit dans un contexte de marché plus sélectif, où seuls les réseaux disposant de cas d’usage forts ou d’incentives parviennent à maintenir ou accroître leur activité.

Malgré cette stabilité, Polygon affiche une chute significative des frais générés : ceux-ci ont diminué de près de 50 % au deuxième trimestre 2025, passant de 1,8 million à 897 000 dollars. Ainsi, au premier semestre 2025, les frais moyens hebdomadaires s’établissent à moins de 85 000 dollars, contre environ 150 000 dollars au second semestre 2024, soit une baisse d’environ 43 %.

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Ce recul s’explique principalement par la réduction continue des frais de transaction sur l’ensemble des blockchains de layer 2 depuis l’implémentation de l’EIP-4844 début 2024. L’introduction des blobs a permis de réduire les coûts de publication des données sur Ethereum, rendant les transactions sur Polygon plus abordables que jamais : le frais moyen est ainsi passé de 0,014 dollar au S1 2024 à 0,0082 dollar au S2 2024, puis à 0,0046 dollar au S1 2025 (-43 %).


Événements majeurs

Bien que Polygon se trouve toujours loin de ses performances historiques, la première moitié de l’année 2025 a été marquée par plusieurs événements qui auront leur importance sur le développement de l’écosystème au cours des prochains mois et années.

Soutien à l’innovation

En janvier, la saison 2 du Polygon Community Grants Program (CGP) a été lancée avec une enveloppe de 35 millions de POL, soit presque le double de la première saison. Cette initiative vise à soutenir des projets à fort potentiel dès leurs premiers stades de développement. Contrairement à d’autres modèles de financement, le CGP mise sur une approche décentralisée, s’appuyant sur des Grant Allocators indépendants comme Gitcoin, Eliza Labs ou Crossmint, chargés de distribuer les fonds à des projets dans des domaines tels que l’intelligence artificielle, le DePIN ou les memecoins.

Une autre voie, appelée Direct Track, permet aux projets ne rentrant dans aucune catégorie prédéfinie de postuler à une part des 20 millions de POL dédiés. Cette flexibilité attire une diversité d’initiatives, y compris celles en migration depuis d’autres blockchains.

En parallèle, Polygon a lancé en avril l’AggLayer Breakout Program, un incubateur hybride dédié aux projets bâtis autour de son infrastructure AggLayer. L’objectif est double : accompagner des projets techniquement ambitieux tout en renforçant l’utilité du token POL. Les projets issus du programme prévoient d’airdrop une partie de leur token natif (5 à 15 %) aux stakers de POL afin de les inciter à sécuriser et valider les transactions sur l’AggLayer.

Ce mécanisme crée une boucle vertueuse : plus il y a de projets incubés, plus le staking de POL est valorisé, et plus l’écosystème attire de nouveaux développeurs. Au-delà du simple financement, ces deux programmes visent à accélérer la croissance organique de Polygon, en favorisant l’émergence d’usages concrets.

Partenariats stratégiques

L’un des faits marquants du semestre a été l’annonce, en janvier, d’un partenariat stratégique entre Jio Platforms et Polygon Labs. Jio fait partie d’un géant des télécoms, comptant plus de 450 millions d’utilisateurs en Inde.

L’objectif de ce partenariat est d’intégrer des fonctionnalités Web3 dans les applications et services existants de Jio, en s’appuyant sur les solutions blockchain de Polygon. Cette collaboration vise notamment à faciliter la création de services Web3 orientés utilisateurs à grande échelle, dans un marché où l’accès mobile domine l’infrastructure numérique.

Pour Polygon, ce partenariat le positionne comme un acteur de référence dans le secteur, tout en lui permettant d’accéder à une base d’utilisateurs plus large et internationale. Pour Jio, c’est un levier d’innovation pour enrichir son écosystème et créer de nouveaux usages numériques.

Dans un autre registre, Stripe a annoncé début 2025 l’intégration du réseau Polygon pour les paiements en stablecoins. Cela permet aux utilisateurs de certaines plateformes partenaires de Stripe de recevoir ou d’effectuer des paiements instantanés en USDC via Polygon, avec des frais minimes. Cette décision renforce l’ambition de Polygon de devenir une infrastructure privilégiée pour les paiements numériques.

Malgré la perte de vitesse de Polygon, ces deux initiatives témoignent de l’intérêt croissant d’acteurs majeurs pour ses solutions techniques.

Miden lève 25 millions de dollars

Parmi les projets incubés dans le cadre de l’AggLayer Breakout Program, Miden se distingue par son ambition technique et sa récente levée de fonds de 25 millions de dollars annoncée en avril. Menée par a16z crypto, 1kx et Hack VC, cette opération marque une étape clé dans le développement de ce que l’équipe appelle une « edge blockchain ».

Miden travaille sur une architecture qui déplace l’exécution et le maintien de l’état de la chaîne à ses utilisateurs. L’objectif est de permettre aux institutions publiques et privées de traiter de gros montants de transactions de manière confidentielle, tout en restant compatibles avec les normes de conformité en vigueur. Cette infrastructure repose sur la technologie ZK.

Toujours en phase de testnet, le projet prévoit le lancement de son mainnet dans le courant de l’année. Dans le cadre du programme de l’AggLayer, environ 10 % des tokens devraient être distribués sous forme d’airdrop aux stakers du token POL.

Changement de PDG et tournant stratégique

En juin 2025, Sandeep Nailwal, co-fondateur de Polygon, a repris seul la direction du projet suite au départ de Mihailo Bjelic. Il a rapidement posé les bases d’un virage stratégique majeur : recentrage sur les piliers performants de l’écosystème, développement de la stack technique, et nouvelle ambition autour du token POL.

  • Arrêt progressif de zkEVM

L’annonce la plus marquante concerne l’abandon progressif de zkEVM, jugé trop complexe à maintenir, peu différencié dans un marché ZK devenu saturé, et en inadéquation avec les nouvelles priorités de l’équipe. La fin de la bêta mainnet est prévue pour 2026.

  • Recentrage sur Polygon PoS et AggLayer

Polygon recentre ses efforts sur deux axes forts : la chaîne Polygon PoS historique, en pleine refonte technique, et AggLayer, la couche d’interopérabilité qui connecte les chaînes de l’écosystème entre elles.

Nailwal a déclaré vouloir revenir à un esprit de startup. Sous sa direction, Polygon devrait entrer dans une phase d’innovation rapide, alignée sur les demandes actuelles du marché.

  • La roadmap « Gigagas »

Le nom est évocateur : Polygon vise désormais les 100 000 TPS avec finalité instantanée, stabilité des frais et compatibilité institutionnelle. La montée en charge se fera par étapes :

  • Juillet 2025 : 1000 TPS sur mainnet, finalité à 5 secondes et refonte du système de gas ;
  • Octobre 2025 : 5000+ TPS sur mainnet, suppression des réorganisations pour une finalité bloc par bloc et intégration de l’AggLayer à Polygon PoS pour une liquidité optimisée ;
  • 2026 et au-delà : franchir les 100 000 TPS, adoption institutionnelle accrue, développement de l’usage des stablecoins.

Ce repositionnement s’accompagne du retour des principaux market makers après l’abandon du dossier SEC contre le token MATIC. Cela devrait favoriser la liquidité et les échanges sur le réseau, qui entend désormais devenir la blockchain n°1 pour les usages institutionnels et le transfert de stablecoins.

→ Retrouvez notre présentation complète de Polygon (POL) :


Améliorations techniques majeures

Au cours de cette première moitié de 2025, l’écosystème de Polygon a connu plusieurs mises à jour techniques majeures, contribuant à la réalisation de la roadmap Gigagas.

AggLayer devient multistack et plus sécurisé

Comme évoqué plus haut, l’AggLayer est un pilier fondamental du futur écosystème de Polygon. Son protocole unifie les chaînes et leur permet de communiquer de manière simplifiée.

Deux mises à jour majeures ont eu lieu en 2025 : l’intégration des preuves pessimistes et la capacité à accueillir des chaînes issues d’autres stacks techniques.

Jusqu’ici, seules les chaînes construites avec le Polygon CDK pouvaient se connecter à l’AggLayer. Mais avec l’introduction des preuves pessimistes, l’AggLayer devient compatible avec toutes sortes de blockchains utilisant différents mécanismes de sécurité (ZK, optimiste, etc.).

L’idée des preuves pessimistes est de considérer que toutes les chaînes peuvent tricher. L’AggLayer impose donc des règles strictes : chaque chaîne doit prouver qu’elle ne retire pas plus de fonds qu’elle n’en a reçu. En cas d’action frauduleuse, une chaîne peut être isolée sans affecter les autres.

Cette approche garantit une communication fiable dans un environnement où certaines chaînes sont plus sécurisées que d’autres. Il s’agit d’un changement de paradigme important par rapport au modèle habituel où la sécurité de l’ensemble dépend du maillon le plus faible.

L’ajout des preuves pessimistes permet donc à l’AggLayer de devenir multistack. Polygon a ouvert son CDK avec une première intégration de l’OP Stack, offrant aux développeurs la possibilité de créer des L2 basés sur la technologie d’Optimism tout en conservant une compatibilité native avec l’AggLayer.

C’est une avancée majeure, car il n’est plus nécessaire d’utiliser uniquement la technologie Polygon pour être intégré à l’écosystème. Cela abaisse les barrières à l’entrée pour les créateurs de projets, qui peuvent profiter des avantages de Polygon sans restriction.

Ces deux mises à jour concrétisent l’ambition de Polygon de créer un Web3 interopérable, fluide et sécurisé.

Lancement du L2 Katana

Pour que le potentiel de l’AggLayer se déploie, il faut une liquidité importante et accessible. C’est précisément la mission de Katana, une nouvelle chaîne DeFi pensée dès le départ pour maximiser le rendement et la profondeur de la liquidité au sein de l’écosystème Polygon.

Le but de Katana est de devenir un hub concentrant la liquidité de quelques core dApps : Sushi pour le trading, Morpho pour le prêt et Vertex pour le trading perpétuel. Grâce à l’AggLayer, cette liquidité pourra ensuite profiter à l’ensemble des chaînes connectées, permettant la création de dApps interchaînes.

Exemple : un utilisateur souhaite échanger des ETH contre un token X sur une chaîne qui manque de liquidité. Le swap passe par l’AggLayer et est exécuté sur Katana avant de revenir sur la chaîne initiale.

Pour parvenir à créer ce hub de liquidité, Katana repose sur plusieurs piliers :

  • Vault Bridge

Chaque nouvelle chaîne a besoin d’un bridge pour permettre le dépôt de fonds. Le Vault Bridge diffère cependant des autres : les actifs placés y sont mis à profit dans différents protocoles sur Ethereum via des stratégies conservatrices, éprouvées. Les rendements générés sont ensuite envoyés aux core dApps sur Katana et redistribués aux utilisateurs. Cette approche, plus risquée, permet d’offrir des rendements supérieurs à la concurrence et d’attirer la liquidité.

Même en cas de baisse d’activité du marché, cette technique permet à Katana d’offrir des rendements plus viables que les chaînes qui ne s’appuient que sur l’émission de tokens.

  • Le stablecoin AUSD

AUSD est le stablecoin natif de Katana, adossé à des bons du Trésor américain. Les rendements générés par ce sous-jacent sont également distribués aux core dApps, renforçant la pérennité des rendements proposés aux utilisateurs.

  • Chain Owned Liquidity

La Chain Owned Liquidity (CoL) désigne la liquidité contrôlée directement par la chaîne, allouée aux core dApps. La CoL sera financée par 100 % des revenus issus du séquenceur, ce qui renforcera progressivement la liquidité du réseau.

Ainsi, plus Katana est utilisée, plus les frais générés augmentent et plus la liquidité de la chaîne s’accroît.

  • uAssets

Un quatrième pilier : les uAssets, qui correspondent à des actifs non-EVM bridgés sur Katana (XRP, SOL, DOGE, SUI, etc.). Ces tokens sont collatéralisés par leur équivalent chez Coinbase Prime Custody, offrant à Katana le statut de hub d’échange entre actifs EVM et non-EVM.

Grâce à ces piliers et à l’AggLayer, Katana pourrait devenir dans les prochaines années un carrefour de la DeFi, facilitant les échanges entre chaînes et actifs, et fournissant de la liquidité aux agrégateurs de swap.

Pour l’instant, le chemin reste long. Katana a été lancée il y a un mois et, même si sa TVL dépasse les 270 millions de dollars, cela reste modeste comparé aux chaînes majeures.

Car, même si Katana améliore la liquidité des chaînes connectées à l’AggLayer, son modèle de rendement repose sur l’utilisation d’actifs à la fois sur le L1 et le L2, ce qui implique des risques non négligeables, même pour des stratégies dites prudentes. Il est donc important d’en être conscient avant d’y déposer des fonds.

  • Gouvernance

Katana introduit également le token KAT, principalement dédié à la gouvernance.

Ce token s’inspire du modèle de Curve : il peut être bloqué en vKAT pour voter à chaque epoch (une semaine) sur la répartition des incitations en KAT pour les protocoles. En échange, les stakers reçoivent une part des frais générés par les dApps.

Si ce modèle semble attractif sur le papier, il est similaire à celui de Berachain lancé en février dernier. Sans adoption réelle, ces mécanismes d’émissions de tokens peinent à attirer durablement la liquidité des investisseurs.

Le modèle (3,3) a été maintes fois décliné, toujours avec des résultats similaires : la valeur du token tend à s’éroder sur la durée, car il devient de plus en plus dilué. Il est donc surprenant de voir que ce concept reste si souvent reproduit malgré les nombreux précédents.

Mises à jour de juillet 2025

La portée de ce rapport s’arrête à fin juin, mais il serait dommage de ne pas évoquer deux mises à jour majeures survenues en juillet.

Ce mois-ci, Polygon a franchi un cap technologique important avec deux évolutions majeures. Le hard fork Bhilai a permis d’augmenter la capacité de Polygon PoS à plus de 1 000 TPS, tout en maintenant des frais bas et stables. Il introduit également le support de l’EIP-7702 pour l’abstraction de compte, améliorant l’expérience utilisateur, par exemple en permettant le sponsoring du gas.

Quant à Heimdall v2, activée peu après, elle a permis de réduire la finalité des blocs à 5 secondes, tout en préparant l’arrivée des 5 000+ TPS attendus d’ici la fin de l’année. À peine un mois après son annonce, la première étape de la roadmap Gigagas est donc déjà en place.

Pour les mois à venir, d’autres évolutions majeures sont prévues, dont l’intégration de Polygon PoS à l’AggLayer, ce qui ouvrira la voie à un partage plus efficace de la liquidité entre Katana et Polygon.


Conclusion

Après une période de flottement, où Polygon donnait parfois l’impression de s’éparpiller entre trop d’initiatives, le projet semble avoir retrouvé un cap clair. L’arrivée de Sandeep Nailwal à la tête de la fondation a marqué un tournant, avec une gouvernance renforcée et une feuille de route recentrée sur quelques axes structurants : développement des stablecoins et des paiements, montée en charge via Gigagas, unification des chaînes grâce à l’AggLayer, ou encore incubation ciblée de projets comme Katana.

Polygon ambitionne désormais de redevenir une pièce maîtresse de l’écosystème Ethereum. Reste à voir si ce nouveau souffle tiendra ses promesses.