CEX vs DEX : Rapport de 2024 et prévisions pour 2025

22 janvier 2025

CEX vs DEX : Rapport de 2024 et prévisions pour 2025

Le secteur des plateformes d'échange a été bousculé en 2024. Les CEX ont subi les attaques à répétition de la SEC tandis que les DEX ont connu une hausse d'activité énorme. Bilan de l'année 2024 et projections sur 2025.

Avant propos : Cet article est en partie issu de notre rapport de fin d’année 2024 sur le marché des cryptomonnaies. Nous vous invitons à le consulter gratuitement ou à l’obtenir en version physique pour soutenir notre travail.

→ Retrouvez également notre rapport de marché sur Bitcoin (BTC) en 2024 :


Revue du secteur des CEX

L’année 2024 a été le sujet d’une évolution profonde du secteur des Centralized Exchanges (CEX), dans la continuité d’une année 2023 marquée par les batailles juridiques entre la SEC et l’industrie des cryptos. Au cours des 12 derniers mois, les CEX ont combiné un total de 14,3 billions (14 300 milliards) de dollars de volume de trading sur le marché spot, avec des pics notables en mars, novembre et décembre.

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En tête de ce secteur, Binance conserve une position dominante avec 35,6 % de parts de marché à la fin de 2024, bien que ce chiffre soit en baisse depuis janvier 2024 (39,6 %) et janvier 2023 (60,1 %). Cette baisse s’explique en partie par un renforcement des régulations dans plusieurs juridictions, notamment aux États-Unis et en Europe, qui ont freiné ses opérations locales (nous y reviendrons par la suite).

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En conséquence, plusieurs plateformes ont pu tirer leur épingle du jeu en 2024. D’abord, Crypto.com est passé de 3,25 % à plus de 10 % de parts de marché en l’espace de 12 mois. Le volume échangé sur la plateforme a grimpé de 812 % en 12 mois, évoluant de 31 milliards de dollars en janvier à 283 milliards de dollars en décembre.

La troisième place du podium est occupée par Upbit, dont la part de marché était de 8,5 % en janvier 2024. Celle-ci a chuté à moins de 3 % en milieu d’année avant de grimper de nouveau pour revenir à un niveau de 8,6 % en décembre. À l’inverse, ByBit est passé de 7,5 % de parts de marché en janvier 2024 à pratiquement 13 % en août, pour finalement revenir à 8,2 % en décembre 2024, conservant la 4e place du classement des plateformes centralisées.


La SEC vs les CEX

Au cours de l’année 2023, le régulateur américain avait entamé une série d’actions “coup de poing” contre des plateformes majeures de cryptomonnaies. L’année 2024 s’est inscrite dans la continuité avec une intensification des actions réglementaires de la SEC contre les CEX.

L’un des principaux points d’attaque de la SEC portait sur la notion de securities (ce que l’on appelle titres financiers ou valeurs mobilières en France) et la qualification de certains actifs, voire de certains services, dans cette catégorie. L’agence américaine a reproché à de nombreuses plateformes d’échange de cryptomonnaies d’avoir permis l’accès à des services considérés comme des “securities”, sans en avoir eu l’autorisation préalable.

  • En début d’année 2023, Kraken avait été sanctionnée pour avoir proposé des services de staking sur Ether et d’autres actifs en Proof of Stake, se voyant ainsi infliger une amende de 30 millions de dollars, marquant l’un des premiers grands coups de la SEC. Cette décision a posé les bases d’un conflit qui s’est poursuivi en 2024.
  • En juin 2023, la SEC a lancé des poursuites contre Binance et Coinbase, reprochant à la première plusieurs chefs d’accusations (notamment d’opérations financières non enregistrées) et à la seconde d’avoir listé des securities non enregistrés. Dans la liste érigée par la SEC, 68 cryptomonnaies étaient considérées comme des securities, dont Ethereum, Solana, Cardano, Polygon, Cosmos ou encore Filecoin.
  • En novembre 2023, Binance avait trouvé un accord avec la SEC, prévoyant la démission de CZ, le patron emblématique de la plateforme, qui a donc plaidé coupable de violation des lois américaines contre le blanchiment d’argent. Par ailleurs, Binance a plaidé coupable de violations de la loi américaine et a consenti à verser deux amendes de 3,4 milliards de dollars et 968 millions de dollars au Trésor américain. Les répercussions se sont notamment faites sentir en 2024, puisque CZ aura passé 4 mois en prison avant d’être libéré en septembre.

En janvier 2024, la SEC a intensifié ses efforts, ciblant plusieurs autres acteurs majeurs de l’industrie. Elle a notamment renforcé ses accusations contre Binance en alléguant des pratiques commerciales trompeuses et un manque de transparence dans ses opérations, forçant par exemple la plateforme à cesser ses activités aux États-Unis et à arrêter de supporter leur stablecoin, le BUSD. Du côté de Crypto.com, la plateforme a tenté de prendre les devants en portant plainte contre la SEC, dénonçant un cadre réglementaire qu’elle jugeait hostile et incohérent.

Le début de l’année a également été marqué par une tentative de la SEC d’amener Kraken devant les tribunaux pour des allégations renouvelées de violation des lois sur les valeurs mobilières. Pendant ce temps, Coinbase, bien que cotée en bourse, a continué de contester les accusations, soulignant le manque de clarté des régulateurs concernant la classification des actifs numériques et menaçant de quitter le territoire américain si la situation ne s’arrangeait pas.

Toutefois, l’approbation des ETF spot sur les cryptomonnaies a été une sorte d’anomalie dans ce contexte de bataille réglementaire. Par définition, les ETF Bitcoin et Ethereum spot sont conçus de telle sorte que les actifs sous-jacents soient considérés comme des commodities et qu’ils dépendent donc de la Commodity Futures Trading Commission (CFTC) et non plus de la SEC.

En bref, ces affrontements juridiques ont dominé l’actualité en 2024, mais ils s’inscrivent dans une continuité logique des efforts entrepris par la SEC dès 2023 pour mieux contrôler le secteur. L’organisme semble chercher à établir des précédents judiciaires afin de consolider son pouvoir réglementaire sur les cryptomonnaies, une industrie qu’il considère encore largement non conforme aux lois existantes.

Néanmoins, l’arrivée de Donald Trump à la tête des États-Unis pourrait bien changer la donne. Parmi les principales promesses de sa campagne sur le sujet des cryptomonnaies, Donald Trump avait promis de remplacer Gary Gensler, l’actuel président de la SEC, jugé par beaucoup comme le responsable de cette politique anti-cryptomonnaies. C’est actuellement chose faite et le nom du remplaçant est déjà connu : Paul Atkins, un entrepreneur reconnu comme étant un fervent défenseur des cryptos.

→ Retrouvez également notre rapport de marché sur les ETF spot cryptos en 2024 :


Le retour en force des DEX

La fin de l’année 2024 donne le ton de ce qu’il pourrait potentiellement se passer en 2025, à savoir un retour en force des exchanges décentralisés (DEX) par rapport aux CEX. Il y a plusieurs raisons derrière ce constat : les volumes énormes générés par le trading de memecoins sur Solana, la renaissance de la DeFi sur Ethereum et l’émergence de la plateforme Hyperliquid pour le trading perpétuel (et bientôt de plus en plus, le trading spot).

Au début de l’année 2024, le volume d’échange réalisé sur les DEX représentait environ 9,3 % des parts de marché par rapport aux CEX. De manière assez logique, la courbe d’évolution de cette métrique DEX vs CEX est inversement corrélée à la santé du marché, puisque l’euphorie attire nécessairement les investisseurs particuliers qui utilisent majoritairement les plateformes centralisées.

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Ainsi, le ratio est tombé à 7,8 % en février, avant de remonter jusqu’à 13,6 % en octobre, pour finalement exploser à plus de 20 % en janvier 2025 (une première historique dans le secteur). Il est intéressant de noter que Raydium (le principal DEX sur Solana) est passé de 7,6 % à plus de 26 % de parts de marché en 2024, porté par le succès du trading de memecoin sur Solana. À l’inverse, Uniswap a chuté de 42 % à 31,5 % sur cette même période, témoignant au passage du ralentissement général de l’activité sur Ethereum cette année.

Dans la bataille entre les CEX et les DEX, il est surtout intéressant de constater la tendance en cours concernant les marchés des futures. Au début de l’année 2024, le volume de trading réalisé sur les DEX perpétuels représentait environ 4,5 % des parts de marché par rapport aux CEX. Ce ratio a grimpé à plus de 10 % en fin d’année 2024, notamment porté par le succès d’Hyperliquid.

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Pour entrer dans le détail, les plateformes centralisées ont traité 39,3 billions de dollars de volume sur les marchés futures en 2024. Binance représente environ 42 % des parts de marché, contre 19 % pour OKX, 14 % pour Bybit et 12,7 % pour Bitget. Au cours de cette même période, Hyperliquid a généré 478 milliards de dollars de volume, soit 40 fois moins que Binance.

Néanmoins, Hyperliquid a connu un véritable succès au cours des derniers mois de l’année. En décembre, la plateforme a généré environ 6 milliards de dollars de volume quotidien. C’est “seulement” 7 fois moins que Binance (45 milliards de dollars), pour une plateforme encore très jeune et peu accessible.


En conclusion

Malgré une croissance du Bitcoin en 2024, le marché des cryptomonnaies n’a pas encore attiré une véritable masse de nouveaux utilisateurs sur les plateformes centralisées. Par ailleurs, leurs différents avec le régulateur américain et les souvenirs de l’affaire FTX a entraîné une perte de confiance des utilisateurs, qui se sont tournés vers des alternatives décentralisées.

Les investisseurs déjà présents sur le marché ont graduellement migré vers les DEX pour leurs activités de trading, notamment pour trouver de meilleures opportunités. Celles-ci se trouvent directement sur des blockchains comme Solana ou Base, en témoignent le succès des memecoins ou des Agents IA, et nécessitent de passer par des exchanges décentralisés.

Pour beaucoup, les listings de Binance et Coinbase ne sont plus réellement le “game changer” qu’ils étaient dans les années précédentes. Certes, ils peuvent entraîner une pression acheteuse sur un actif via l’ouverture à de nouveaux investisseurs, mais une grande partie est déjà positionnée via leurs activités on-chain.

Le dernier exemple en date est le memecoin de Donald Trump. Celui-ci a directement été lancé sur Solana et a atteint des niveaux de capitalisation énormes, bien avant d’être listé sur les plateformes centralisées. Le paradigme a changé, avec une migration de plus en plus conséquente des capitaux vers la blockchain. Cela se matérialise par une augmentation de la dominance des DEX dans le ratio vis-à-vis des CEX.

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