Converge, la blockchain institutionnelle par Ethena et Securitize

Contexte

Les actifs du monde réel (Real World Assets, ou RWA) sont devenus l’un des segments les plus en tendance des quelques derniers mois. De nombreux protocoles ont saisi l’opportunité pour proposer une solution de rendement basée sur des produits traditionnels, comme les bons du Trésor américain, les actions ou l’immobilier, et ainsi rapprocher les deux mondes financiers.

Dans cet écosystème en pleine expansion, Securitize s’est imposé comme un acteur central, voire même un leader, notamment grâce à son partenariat avec BlackRock et le lancement du fonds tokénisé BUIDL, désormais capitalisé à plus de 2 milliards de dollars. Cette avancée pousse les institutions à réévaluer leur position vis-à-vis de la blockchain et de la finance décentralisée.

Mais malgré la croissance des RWAs, l’intégration entre finance traditionnelle (TradFi) et finance décentralisée (DeFi) reste largement incomplète et aucune réelle initiative de convergence n’a vu le jour. La nouvelle initiative portée par Ethena Labs et Securitize vise à changer ça.

Cette analyse revient en détail sur Converge, une blockchain conçue pour opérer cette connexion entre TradFi et DeFi.

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Qu’est-ce que Converge ?

Converge est une blockchain récemment annoncée par Ethena Labs et Securitize, dont le lancement est prévu pour le deuxième trimestre 2025. L’ambition n’est pas d’être un énième concurrent des layer 1, mais de proposer une architecture hybride, conçue pour concilier les exigences des utilisateurs crypto-natifs avec les standards de conformité attendus par les acteurs institutionnels.

D’un côté, Converge est permissionless. Cela signifie que n’importe quel développeur peut y déployer un smart contract sans autorisation préalable, et que n’importe qui peut l’utiliser sans restriction particulière. Ce fonctionnement rejoint les standards habituels de l’écosystème et garantit l’ouverture, la transparence et la composabilité propre à la DeFi.

De l’autre, Converge intègre une couche dite “permissionnée”. Cette option, activable à la demande, permet aux applications de se conformer à des obligations réglementaires souvent indispensables pour les acteurs institutionnels : KYC (Know Your Customer), KYB (Know Your Business), traçabilité des flux, etc. Chaque intégration est paramétrable selon les besoins spécifiques des projets ou des utilisateurs, sans imposer une contrainte globale à l’ensemble du réseau.

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La thèse de Converge

Depuis quelques années, il est indéniable que les acteurs institutionnels sont attirés par la finance on-chain et sa proposition de valeur : réduire les intermédiares et les coûts, accéder à des stratégies plus efficientes et à plus haut rendement ou encore bénéficier d’une sécurité et d’une immuabilité certaine.

Néanmoins, une limite majeure freine leurs ambitions : le manque de cadre réglementaire, de contrôle sur l’identité des contreparties et l’absence de responsabilité juridique. Converge apporte une solution à cette problématique en rendant possible l’émission de produits financiers régulés au sein d’une infrastructure blockchain performante.

En associant l’expertise d’Ethena sur les produits de finance décentralisée et celle de Securitize dans la tokenisation réglementée, Converge ambitionne de devenir l'infrastructure de référence pour unifier les marchés financiers on-chain.

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La convergence entre Ethena et Securitize

Ethena est un protocole développé sur Ethereum et connu pour être à l’origine du USDe, un dollar synthétique (souvent assimilé à un stablecoin) dont la stabilité est assurée par une stratégie delta neutral sur des actifs à forte capitalisation.

En l’espace d’un an, l’USDe s’est hissé au 4e rang des stablecoins les plus capitalisés, avec une TVL de 4,8 milliards de dollars au moment de l’écriture de ces lignes. Celle-ci a même atteint 6 milliards de dollars au sommet.

Securitize, de son côté, est l’un des pionniers de la tokenisation d’actifs du monde réel. Leur enregistrement auprès de la SEC et leurs liens étroits avec des grandes institutions financières leur permet de proposer des produits de tokénisation d’actifs réels tout en étant conforme à la régulation.

En s’associant à BlackRock pour lancer le fonds tokénisé BUIDL, Securitize a montré qu’il était possible de concilier la rigueur de la régulation avec les avantages de l’infrastructure blockchain. Aujourd’hui, le fonds dépasse les 2,5 milliards de dollars sous gestion.

Ethena et Securitize avaient déjà collaboré par le passé, avec le lancement de l’USDtb : un stablecoin adossé à des bons du Trésor tokenisés, via le fonds BUIDL. Converge marque une nouvelle étape, en élargissant cette coopération à l’échelle d’une blockchain entière.

→ Nous avons publié un rapport complet sur les différents stablecoins émis par Ethena que vous pouvez consulter ici :

Ensemble, Ethena et Securitize représentent près de 10 milliards de dollars d’actifs tokenisés. Ainsi, Converge pourrait bénéficier d’un afflux initial important d’actifs détenus par ces entités dès son lancement.

Le rôle d’Ethena sera de porter l’ensemble de ses produits DeFi (USDe, USDtb, mais aussi ses futures initiatives) au sein de l’infrastructure Converge, tout en mobilisant son écosystème de partenaires. Securitize, de son côté, apportera l’expertise réglementaire nécessaire pour permettre aux institutions de lancer des produits on-chain conformes, dans un environnement sécurisé, modulaire et nativement intégré à la blockchain.

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Le Converge Validator Network (CVN)

Qu’est-ce que le CVN ?

Afin de garantir un haut niveau de sécurité en cas de problèmes, Converge repose sur le Converge Validator Network (CVN) : un ensemble de validateurs dont la mission est de surveiller l’intégrité du système, d’intervenir en cas d’anomalie critique et de garantir la continuité des opérations en toute circonstance.

Contrairement aux validateurs classiques, le CVN agit comme un conseil de sécurité. En cas de faille majeure (hack, bug critique, attaque MEV, exploit à grande échelle), ses membres peuvent enclencher des mécanismes d’urgence pour couper totalement de la blockchain. Dans certains cas extrêmes, ils pourraient même s’accorder pour suspendre temporairement des blocs, refuser la finalité d’une transaction, ou même orientation vers un fork coordonné.

Ce pouvoir est à double tranchant : il est à la fois contradictoire avec les principes de base de la finance on-chain mais constitue également un filet de sécurité compréhensible dans un contexte où plusieurs milliards de dollars pourraient être en jeu.

Le CVN joue également un rôle clé dans la gouvernance de la blockchain. En s’appuyant sur une structure plus restreinte mais hautement spécialisée, il permet d’assurer une réactivité élevée dans l’implémentation des mises à jour, tout en intégrant les retours des principaux acteurs de l’écosystème.

Cette gouvernance semi-centralisée, mais transparente et responsabilisée, vise à répondre aux exigences des utilisateurs institutionnels, pour qui la protection des fonds et la stabilité du réseau sont des prérequis essentiels. Dans un secteur encore exposé à de nombreux hack, vols et failles, cette architecture fait de la résilience opérationnelle un avantage compétitif.

Au lancement de Converge, le CVN sera constitué d’un nombre de validateurs compris entre 10 et 20 selon la dernière intervention du CEO.

Il est important de noter que le CVN n’interviendra qu’en cas de soucis majeurs sur la blockchain, mais ne participera pas dans la validation des transactions ou la sécurité du réseau pour son fonctionnement journalier.

Rôle du token ENA

Le token ENA, natif du protocole Ethena, joue un rôle central dans la sécurité économique de Converge à travers son intégration au sein du CVN. Les validateurs du Converge Validator Network doivent staker du ENA pour pouvoir participer à la validation des blocs et recevoir des récompenses. Les utilisateurs peuvent également déléguer leurs ENA à ces validateurs, en échange d'une part des récompenses générées.

Ce mécanisme crée une relation directe entre sécurité du réseau, activité économique et valorisation du token. L’arrivée de Converge transforme donc ENA d’un token de gouvernance à un actif productif, donnant accès à une partie des revenus de la blockchain, tout en renforçant sa légitimité dans l’architecture globale du protocole.

Jusqu’à présent il était uniquement possible de staker du ENA au sein de Ethena afin de percevoir les récompenses du protocole Ethena. Avec le lancement de Converge, le rôle du token sera amplifié au sein de l’écosystème et pourra créer une pression acheteuse par les entités souhaitant devenir validateurs sur la blockchain nouvellement lancée.

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Un écosystème déjà structuré

Converge bénéficie dès son lancement d’un soutien massif de la part d’acteurs majeurs de la DeFi et de la tokenisation, réunissant certains des protocoles les plus solides de l’écosystème.

• Concernant la DeFi et les RWA, on retrouve des acteurs comme Aave Horizon, Pendle, Morpho ainsi que Maple, représentant à eux tous plus de 37 milliards de dollars de TVL.
• Concernant l’interopérabilité, on peut citer la couche de communication de LayerZero, ainsi que le bridge de Wormhole, tandis que Pyth et Redstone serviront d’infrastructures d’oracles.
• Enfin, le côté permissionné sera assuré par des géants déjà très impliqués dans l’approche des institutionnels tels que Anchorage Digital ou Fireblocks.

Converge a su reconnaître le besoin pour ces projets de toucher une audience plus large, ainsi que des institutionnels, en proposant des produits reposant sur des KYC, un réel suivi, et une expérience plus proche du monde traditionnel, tout en gardant l’efficacité de la blockchain grâce à une architecture ultra-performante.

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Les caractéristiques techniques de Converge

Le choix du layer 2

Pour le fondateur d’Ethena, posséder sa propre infrastructure de Layer 1 n’a plus de pertinence. À ses yeux, le “premium” associé aux blockchains de L1 finira par disparaître et la seule vraie question est : où construire un business profitable capable de toucher un maximum d’utilisateurs ?

Dans cette logique, le choix d’un Layer 2 s’est imposé naturellement. Les L2 offrent une scalabilité bien supérieure, sans compromettre la sécurité économique, et restent nativement interopérables avec l’écosystème Ethereum sur lequel Ethena est né.

Contrairement à d’autres projets comme Plume Network, qui ont basculé de L2 à L1 face au désintérêt perçu des investisseurs, Converge assume l’inverse : adopter la technologie L2 sans en faire un élément de communication, mais en tirant pleinement parti des bénéfices en termes de performance.

Une architecture Validium

À son lancement, Converge utilisera Celestia pour la disponibilité des données (data availability), ce qui en fait un Validium, à savoir une architecture de Rollup dans laquelle les données ne sont pas publiées sur Ethereum.

Cette distinction est importante : un Validium offre plus de scalabilité mais expose les utilisateurs à un risque supplémentaire en cas de censure ou de compromission des données off-chain.

Une stack technique ultra-performante

L’infrastructure technique de Converge lui permet d’offrir une exécution très rapide avec 100ms de bloc time et 100 MGas/s, notamment en utilisant les éléments suivants :

• Orbit Stack (Arbitrum) : permet une génération de blocs ultra-rapide (jusqu’à 100 ms), garantissant une expérience utilisateur fluide et quasi-instantanée.
• Séquenceur G2 de Conduit : le plus performant du marché, avec une capacité d’exécution jusqu’à 100 MGas/s. Il prend en charge l’exécution parallèle et la création de mini-blocs, une technologie proche de Flashblock (Uniswap), optimisant le débit transactionnel.
• Celestia (Data Availability) : grâce à sa mise à jour MAMO-1 (en testnet), Celestia atteint 21 Mo/s de bande passante — le plus haut niveau de performance sur le marché de la disponibilité de données.
• Stylus (WASM) : Converge prévoit également l’intégration de Stylus, l’environnement d’exécution WASM développé par Arbitrum. Il permet d’écrire des contrats intelligents en Rust, C ou C++, avec des performances jusqu’à 100 fois supérieures à l’EVM classique.

L’ambition est claire : offrir une expérience comparable aux standards Web2, aussi bien pour les particuliers que pour les institutionnels. Grâce à cette architecture, les transactions sont quasi-instantanées, les coûts sont optimisés et l’infrastructure est compatible avec le développement de futurs L3 ultra-rapides.

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La vision du fondateur

Pour Guy Young, fondateur d’Ethena, Converge doit incarner un lieu de convergence (inspiration du nom) entre deux mondes : celui de la DeFi non-permissionnée, où l’innovation est rapide et l’expérimentation constante, et celui de la finance institutionnelle, structurée par des exigences de conformité et de gouvernance.

C’est dans ce contexte que les rôles de l’USDe et l’USDtb prennent leur sens :

• USDe, le stablecoin algorithmique d’Ethena, représente une forme de tokenisation de la volatilité : il cible une audience crypto-native prête à s’exposer à un rendement élevé (jusqu’à 18 % annualisé en 2024), au prix d’une certaine instabilité. Non censurable, sans adossement aux marchés traditionnels, il reste un produit résolument DeFi.
• USDtb, en revanche, est conçu pour des profils plus conservateurs. Ce stablecoin est adossé à des bons du Trésor américains via le fonds BUIDL de BlackRock, offrant un rendement plus modéré (3 à 5 % par an) mais une stabilité bien plus importante. C’est l’outil de transition idéal pour les institutions cherchant à accéder à la DeFi dans un cadre réglementé.

Ces deux stablecoins seront nativement intégrés à l’écosystème de Converge, notamment pour le paiement des frais de gaz, aux côtés de l’ETH via des solutions de type Paymaster. Chaque utilisateur pourra ainsi choisir le niveau de risque, de rendement et de conformité qui lui convient, sans compromettre l'expérience.

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Ethereal, la réponse d’Ethena face à Hyperliquid

Grâce aux performances poussées de Converge, l’équipe a vu une opportunité de proposer une solution supplémentaire qui nécessite une infrastructure fiable et une éxécution quasi instantanée, sur un nouveau marché, celui de l’échange perpétuel décentralisé.

Ethereal est une application d’échange décentralisé sur les perpétuels et spot, construit au-dessus Converge (faisant de Ethereal un Layer 3), visant à atteindre les 1M d’ordres par seconde, soit 5x plus qu’Hyperliquid aujourd’hui. Ethereal aura son propre environnement et exécution, mais postera ses preuves sur Converge, permettant d’augmenter considérablement sa scalabilité.

Essentiellement Ethereal sera construit au-dessus de Converge afin de garantir son propre environnement d’exécution d’ordres et ne pas dépendre de la performance de Converge ou encore Ethereum. L’objectif est donc d’en faire une Appchain qui est indépendante du reste de l’écosystème afin d’assurer une exécution sans égal.

Ethereal rentre parfaitement dans la vision globale de son fondateur, étendant toujours plus les possibilités d’utilisation des stablecoins d’Ethena, dans une gamme de produits en pleine expansion.

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Conclusion

Converge est une nouvelle blockchain de type Layer 2, ultra performante et bénéficiant de la sécurité d’Ethereum ainsi qu’une partie de son écosystème. Avec Converge, Ethena et Securitize proposent bien plus qu’une nouvelle blockchain : ils redessinent les frontières de la finance on-chain.

L’objectif est de faire de Converge une place centrale pour la DeFi et les RWA, à l’image de ce que Binance représente pour le trading. Un hub dans lequel particuliers comme institutionnels pourront accéder à des produits compétitifs, transparents et performants, sans compromis sur la sécurité ni la conformité.

Sur le long terme, Converge offrira également un environnement qui permettra d’ajouter un niveau de protection de vie privée pour certaines institutions afin d’éviter de montrer l’ensemble des transactions que certaines institutions pourraient avoir sur cette blockchain.

Avec cette initiative, Ethena change de dimension : d’émetteur de stablecoin, le protocole devient architecte d’un nouvel écosystème, élargissant au passage les possibilités pour ses stablecoins et son token ENA.